"Le chancelier allemand Olaf Scholz (à droite) et la Première ministre française Elisabeth Borne (à gauche) signent un accord de solidarité énergétique, à la Chancellerie à Berlin, Allemagne, le 25 novembre 2022. Filip Singer/EPA-EFE"
Source : EURACTIV.FR
Un couple plus vraiment sur la même longueur d’onde
Les deux principaux sujets de discorde entre les deux Etats sont la politique énergétique et celle de la défense européenne. En effet, si à la suite du conflit en Ukraine l’Allemagne a dû faire face à sa forte dépendance aux gaz russe, elle n’était déjà plus en phase avec la politique énergétique française : la France voit le nucléaire comme étant l’avenir de l’énergie, quand l’Allemagne veut s’en débarrasser au profit du développement des énergies renouvelables. Qui plus est, il y a eu des frictions sur la mise en place d’un prix plafond du gaz, poussé par la France et d’autres pays comme l’Espagne quand l’Allemagne et les Pays-Bas y étaient opposés. On peut également rajouter le fait que la France a reproché à l’Allemagne son plan de soutien aux ménages et aux entreprises allemandes de 200 milliards d’euros, entrainant la remarque de l’Allemagne lui reprochant d’avoir fait la même chose avec son plan à 120 milliards d’euros. Concernant la politique de défense européenne, il y a une « impression que l’Allemagne veut faire cavalier seul (…) qui pose question, voir irrite Paris », affirme Éric-André Martin, secrétaire générale du Comité d’études des relations franco-allemandes (CERFA) dans les colonnes du JDD le 25 novembre 2022. L’Allemagne ayant déjà privilégié l’achat de matériel militaire américain, en plus de l’achat d’un bouclier antimissile avec 14 autres pays de l’OTAN. Si l’on devait résumer la situation, la France reproche à l’Allemagne de ne pas jouer le jeu de la solidarité européenne, quand l’Allemagne lui reproche de privilégier ses propres intérêts à celui de ses partenaires.
Crever l’abcès pour mieux avancer…
Bien que traversant une crise importante, les deux pays souhaitent « plus que jamais, faire du couple franco-allemand le moteur du consensus européen », affirmait Elisabeth Borne, la première ministre française, lors d’une conférence de presse le 25 novembre 2022. Olaf Scholz, le chancelier allemand ajoutera que « plus les temps sont durs, plus le partenariat franco-allemand devient important » et que cette dernière était « étroite et ancrée dans la confiance ». Un premier pas vers ce qui pourrait s’annoncer comme une réconciliation a été réalisé le 18 novembre 2022 avec la signature du projet SCAF. C’est un projet prévoit de remplacer le Rafale et l’Eurofighter en plus de l’amélioration de la communication par le biais d’un « cloud » numérique. Remontant à 2017 et incluant maintenant l’Espagne, avait du mal à réellement démarrer, et avec la signature de cet accord, on peut espérer voir un prototype d’ici à 2028. L’accord mentionné plutôt dans ces lignes portera également sur leur engagement à réduire leur dépendance aux énergies fossile et à travailler ensemble lors des discussions à niveaux européens. De plus, les ministres des finances français et allemand se sont également rencontrées pour discuter de l’économie européenne et de comment la défendre et la rendre plus verte.
Et encore un avenir à écrire ensemble
Le lien qui unit l’Allemagne et la France remonte au 22 janvier 1963 avec la signature du traité de réconciliation entre les deux pays. Et Bien que le Conseil des ministres franco-allemand ait été reporté, envoyant un signe fort sur les désaccords importants entre Paris et Berlin, le fait que la nouvelle date tombe à la même période que l’anniversaire de la signature du traité de l’Elysée peut être vu comme un signe pour réaffirmer la volonté de ces deux pays à participer à la construction européenne. Il est fait mention dans l’une des publications de la fondation Jean Jaurès, que l’Allemagne et la France veulent toujours travailler ensemble sur les politiques communes, comme le projet d’une possible armée commune ou encore l’arrêt de l’extraction des ressources naturelles polluantes pour réellement enclencher la transition vers les énergies renouvelables. « Les crises en Europe ne peuvent être surmontées qu’en bonne entente entre la France et l’Allemagne » et « une Europe géostratégique sans implication de la France et de l’Allemagne est impensable ». Les deux Etas devront composer avec leurs différentes approches dans plusieurs domaines clés, et pouvoir compter l’un sur l’autre pour faire face aux nouveaux enjeux qui nous attendent : mettre de côté les ambitions de chacun pour mettre en place une solidarité européenne forte.
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