Des euros et des kunas (la devise croate) © Courrier International

· Le long processus pour adhérer à la zone euro

Pour espérer intégrer le mécanisme de change européen, les pays membres de l’Union européenne ont l’obligation de remplir les critères ordonnancés par le Traité de Maastricht à savoir : un déficit budgétaire de moins de 3 %, une inflation maîtrisée et surtout une dette publique inférieure à 60%. La petite république croate jouissant désormais d'une grande stabilité économique, a pu rejoindre ce mécanisme de change européen en 2020.

Il a fallu attendre le 1er juillet 2022 pour que la Commission européenne et la Banque centrale européenne donnent leur accord pour que la Croatie adopte la monnaie unique. C’est au Conseil européen que revient ensuite le rôle de confirmer l’adhésion à la zone euro après avoir étudié que l’ensemble des critères économiques assignés par Bruxelles soient bien réunis.

Dès l’assentiment du Conseil européen, la banque centrale de Croatie s’est empressé de préparer son changement de monnaie. N’ayant pas le temps de lancer un appel d’offre pour faire imprimer les billets pour le 1er janvier, la banque centrale croate a emprunté 350 tonnes de billets aux banques centrales des pays de la zone euros qu’elle remboursera lorsqu’elle obtiendra son propre contrat d’impression.

• Un défi parfaitement relevé par la Croatie

Si dix-neuf pays avaient déjà effectué le passage à la monnaie unique, le défi logistique est réel pour la Croatie. Toutefois, en dépit de la crise du Covid19 qui a gonflé provisoirement le déficit budgétaire, la Croatie a continué à passer tous les obstacles. En effet, malgré sa dette de 70% du PIB et une inflation en novembre qui a atteint 13 % en 2022, la Croatie a su redresser son économie plus vite que le rythme exigé par Bruxelles et a gagné l’approbation de l’Union européenne.

La Croatie intègre donc la zone euro avec une économie stable. Elle possède une croissance nationale qui dépasse 20% et le PIB par habitant, même s’il n’est pas un critère formellement pris en compte, est supérieur à celui de la Grèce pour ne citer que ce pays.

                 Le chômage, le déficit public et la dette européenne de la Croatie se trouvent en dessous de la moyenne européenne. 



Les agences de notation ont également reconnu les performances de l’état croate en lui assignant la catégorie « investissement » le faisant ainsi obtenir une meilleure note que sept autres pays membres de l’Union européen comme l’Italie.






• Ce qui va changer pour la Croatie




La Croatie n’était pas très attachée à sa monnaie, la kuna, car elle était la monnaie officielle seulement depuis 1995.




De plus, l’économie de la Croatie était déjà tournée vers l’euro avec 53% des exportations des biens croates à destination de la zone euro et 59% des importations en provenance exclusivement des pays de l’union monétaire. De surcroît, une majeure partie des dépôts des épargnants étaient déjà libellés en euros.




En outre, l'élimination du risque de change permettra d'attirer d’avantages les investisseurs étrangers qui seront rassurés.




Et dans ce petit pays de 4 millions d’habitants dont l’industrie touristique représente 25% du PIB, le passage à l’euro est une aubaine. En effet, les deux tiers des touristes qui séjournent en Croatie sont des citoyens issues des pays de la zone euro.








L’entrée de la Croatie dans la zone euro risque d’être le dernier élargissement avant très longtemps puisque parmi les sept derniers pays membres de l’Union européenne qui n’utilisent pas la monnaie unique, certains n'ont pas la volonté politique de changer de monnaie. C’est le cas de la Suède, du Danemark, de la Pologne, de la Hongrie et de la République Tchèque. Quant à la Roumanie et la Bulgarie, ils ne répondent pas pour le moment aux critères imposés par le traité de Maastricht. La Bulgarie en particulier, espérait adopter l’euro à la même date que la Croatie, mais a vu sa demande rejetée par le Conseil européen. Ce rejet est dû à son instabilité économique et des scandales de corruption qui ont récemment éclatés.




Sources :