Charles Michel avec Hun Sen, Premier ministre cambodgien et Ursula von der Leyen lors du sommet UE-ASEAN le 14 décembre 2022 (8).
De gauche à droite: le président du Conseil européen, le Premier ministre cambodgien et président de l’ASEAN pour 2022 et la présidente de la Commission européenne.

Une relation toujours plus forte avec l’ASEAN



Les liens entre l'UE et l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) sont étroits. Ils se sont renforcés au fil des ans grâce à des accords commerciaux et de coopération. Aujourd’hui UE et ASEAN sont le troisième partenaire commercial de l’un et l’autre(1). Dans ce contexte, à partir de 2007, des négociations avaient été entamées pour obtenir un accord de libre-échange entre l’UE et l’ASEAN, mais très rapidement les discussions s’arrêtent sur un échec(2). Si aujourd’hui l’ASEAN dispose d’accords de libre-échange avec la Chine, l’Inde, le Japon, et la Corée du Sud, l’échec des négociations avec l’UE a poussé l’Union à se tourner vers des accords bilatéraux notamment avec Singapour en 2018 ainsi que le Vietnam en 2019. En outre, l'UE a également établi des partenariats avec d'autres pays de la région, tels que l'Indonésie et les Philippines, afin de renforcer ses liens avec l'ASEAN. La Chine, de son côté, a également établi des relations étroites avec de nombreux pays de l'ASEAN autour de la nouvelle route de la soie. Cette initiative vise à renforcer les liens économiques et commerciaux entre la Chine et les pays de l'ASEAN en construisant des infrastructures de transport, telles que des routes, des ports et des lignes de chemin de fer.



En réponse, lors du premier sommet réunissant des représentants de l’UE et de l’ASEAN le 14 décembre dernier, l’UE a offert un paquet d’investissements de 10 milliards d’euros pour les 5 prochaines années dans le cadre du Global Gateway.

Citation de Joseph Borrell Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité lors du sommet UE-ASEAN (11).


Comme l’a rappelé Charles Michel, cela fait 45 ans que le dialogue entre l’UE et l’ASEAN a été ouvert. Ce dernier a également insisté sur les accords de libre-échange qui existent aujourd’hui entre l’UE et des pays membres de l’ASEAN, précisant que d’autres étaient en cours de discussion(3). Ursula von der Leyer a également exprimé son souhait de relancer le projet d’accord de libre-échange entre l’UE et l’ASEAN comme le rapporte Le Monde(4).



Un nouvel accord de partenariat conclu avec la Thaïlande (vers un accord de libre-échange ?)



Après une « décennie mouvementée »(5), l’UE et la Thaïlande on conclut en cette fin d’année un accord de partenariat afin de renforcer le dialogue et la coopération entre les deux pays dans un contexte où l’UE cherche des partenaires dans la région indo-pacifique. Comme le rappelle le communiqué de presse du Conseil de l’UE publié le 14 décembre, « l’APC avec la Thaïlande a été paraphé dès mars 2013, mais sa signature a été mise en suspens en 2014 après la prise du pouvoir par l'armée dans le pays »(6).



Cet accord marque une avancée dans les liens entre les deux pays alors que, comme le rappelle BusinessFrance, les échanges bilatéraux de marchandises entre l’UE et la Thaïlande ne cessent d’augmenter, « passant de 35,4 Mds EUR en 2021, contre 29,3 Mds EUR l'année précédente »(7), et que les investissements de l’UE dans le pays ont placé l’Union à la deuxième place derrière le Japon.



Après avoir conclu des accords de libre-échange historiques avec Singapour et le Vietnam, cette étape franchie avec la Thaïlande pourrait n’être qu’une formalité avant un ALE (accord de libre-échange) entre 2024 et 2026, comme le suggère Bryan Tse, analyste pour l’Economist Intelligence en Thaïlande pour BusinessFrance(7).



La difficulté de la situation Birmane



Aujourd’hui la Birmanie, en particulier, est un sujet de préoccupation en raison des graves violences contre les musulmans Rohingya et des violations des droits de l'homme commises par les forces de sécurité birmanes. Si l'UE a imposé des sanctions ciblées contre des responsables birmans accusés de violations des droits de l'homme (notamment en novembre dernier(9)) et a appelé à une enquête internationale indépendante sur ces événements, la Chine fait aujourd’hui preuve de complaisance envers le régime birman et cherche à bloquer les efforts de l'UE et de l'ONU visant à condamner les violences dans le pays. Cette situation a poussé l’ONG Human Rights Watch à réclamer des sanctions communes entre l’ASEAN et l’UE contre le régime (seul pays n’ayant pas envoyé de représentant) lors du sommet du 14 décembre(10), avec notamment l’idée de suspendre le pays de l’ASEAN et de déposer un projet de résolution à l’ONU pour bloquer la vente d’armes à la Birmanie.



Si aujourd’hui la volonté pour l’UE d’augmenter son influence en Asie du Sud-est est particulièrement visible, notamment à travers sa politique commerciale, la place de la Chine et les tensions géopolitiques dans la région compliquent les relations.

Sources et références :