Les scores plus qu’impressionnant des différents partis d’extrême droite aux élections démontrent bien la présence politique croissante de ces mouvements. Le terme de vague pour désigner l’évolution de cette tendance politique renvoi à son évolution au cours du temps, rythmée de flux et reflux, plus ou moins fort. C’est donc avec cette présence politique prégnante que s’annonce la prochaine grande échéance politique européenne, celle des élections de l’an prochain.
L’extrême droite, sous ses formes les plus diverses nationalement, a donc appris à se fédérer sur tous le continent, sur, les thématiques qui lui tiennent à cœur : l’immigration, les communautés LGBT, l’abolition de l’avortement, les politiques sécuritaires et portant en étendard une « identité européenne » ayant besoin de retrouver sa « gloire » d’antan. Certaines particularités subsistent nationalement mais ce sont sur ces grandes thématiques que se jouent les alliances européennes.
Ces mouvances, structurant toute leur colonne idéologique autour de la lutte contre un ennemie venu d’ailleurs, menaçant la civilisation européenne, ses valeurs et ses traditions, et contre lequel il faudrait tout mettre en œuvre dans le cadre d’une lutte civilisationnelle subie, ne représentent pour autant pas de réelles alternatives à ce qui est déjà en place en Europe, dans tous les domaines de la société et en particulier en matière de politiques économiques. Cela représente donc une forme de continuité politique, l’aspect identitaire et anti-social en plus. Qui plus est, au-delà des grands médias traditionnels, l’extrême droite s’incarne aujourd’hui aussi sur les plateforme numériques, réseaux sociaux, se structurant via des influenceurs et réseaux de communications pour diffuser des messages à grande échelle auprès d’une jeunesse qui, selon les dernières estimations, représente la majorité des abstentionnistes. Car c’est bien cette majorité dont il faut se soucier, celle qui ne s’exprime pas, par désintérêt, dégoût ou méfiance envers les politiques européennes.
L’abstention bat en effet des records, la participation ne dépassant que très rarement les 70% aux dernières européennes. Y a-t-il un lien de causalité entre ces deux croissances ? Tout d’abord, il faut considérer qu’il existe un biais spatial de l’action de l’Europe, en ce qu’il est difficile de déceler, sans en être informé en amont, des diverses actions de l’Europe à échelles les plus locales (et donc là où se trouvent de potentiels électeurs). De plus, une des composantes clé de l’extrême droite européenne, c’est son ambivalence en ce qui concerne la question européenne. Empruntant souvent une position eurosceptique assumée, elle ne s’empêche pas pour autant de prétendre à un certain succès aux élections européennes. Cette stratégie de l’entrisme parait pourtant très limitée tant le caractère national et le repli publiquement affiché est prégnant dans la position de l’extrême droite européenne, autrement formulé : « Qu’est-ce que l’extrême droite peut apporter d’utile à la construction européenne, elle qui passe son temps à démolir le concept même d’Union Européenne ? ».
Mais alors, quelles sont les options disponibles pour, à la fois redonner envie aux gens de s’investir politiquement pour l’Europe, pendant et hors des scrutins, mais aussi battre en brèche la montée d’une nouvelle extrême droite européenne, tout en prenant le soin de pointer ses incohérences au passage ?
Plusieurs voies semblent possibles mais deux d’entre elles semblent se démarquer. Tout d’abord, les instances européennes ont profondément besoin d’une révision de leurs politiques en matière de pédagogie et d’explication du fonctionnement de l’Union dans sa globalité, en mettant l’accent sur ses apports quotidiens aux bénéfices de chaque citoyen européen, battant ainsi en brèche l’idée d’une Europe au service de ses propres intérêts. Dans un deuxième temps, la nécessaire bataille contre l’abstention ne saurait faire l’impasse sur le criant besoin de représentativité des institutions européennes. L’incitation à la participation ne fait pas tout et c’est surtout par ce deuxième point, il semblerait, que l’UE pourrait arriver à réconcilier ses citoyens aux isoloirs.
Sources :
- Ludovic Lamant, Des conservateurs radicaux rêvent de bousculer les équilibres du Parlement européen, https://www.mediapart.fr/journal/international/120623/des-conservateurs-radicaux-revent-de-bousculer-les-equilibres-du-parlement-europeen, consulté le 7 janvier 2024.
- Les élections européennes pourraient constituer un tournant majeur pour l’extrême droite, https://fr.euronews.com/my-europe/2024/01/04/les-elections-europeennes-pourraient-constituer-un-tournant-majeur-pour-lextreme-droite, consulté le 7 janvier 2024.
- Extrêmes droites, abstention et désinformation, les enjeux des élections européennes de 2024, https://www.rfi.fr/fr/europe/20240101-extr%C3%AAmes-droites-abstention-et-d%C3%A9sinformation-les-enjeux-des-%C3%A9lections-europ%C3%A9ennes-de-2024, consulté le 7 janvier 2024.
- « Elections européennes 2024 : l’extrême droite gagne du terrain », Le Monde.fr, 16/12/2023 p.
- A six mois des européennes, l’UE face à une poussée de l’extrême droite, https://www.lesechos.fr/monde/europe/a-six-mois-des-europeennes-lue-face-a-une-poussee-de-lextreme-droite-2031138, consulté le 7 janvier 2024.