Le DSA et le DMA ont pour but premier de réguler les plateformes en ligne et les services numériques comme les plateformes d’achat telles qu'Amazon, les réseaux sociaux comme ceux du groupe Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), les moteurs de recherche (google) ou même les services d’exploitation (Microsoft). Ces deux ensembles législatifs jouent un rôle important dans la protection des utilisateurs. La protection des citoyens se fait surtout par la DSA qui impose aux plateformes en ligne de prendre des mesures plus strictes pour la prévention de contenus illégaux comme la désinformation, les contenus à caractères haineux, etc. Par exemple, lors de la campagne électorale roumaine pour les élections du 24 novembre et du 8 décembre 2024, Tiktok a été accusé de propager activement de la désinformation pour servir le candidat proche du gouvernement russe, Călin Georgescu. Pour cela, Tiktok risque une amende pouvant s’élever jusqu’à 6% de son chiffre d’affaires mondial. Ces ensembles de lois sont de véritables armes législatives, puisqu'elles ont un pouvoir coercitif très élevé grâce aux sanctions qui peuvent être appliquées. L’efficacité des outils législatifs européens permettent à l’Union Européenne d’exporter ses valeurs, notamment, dans ce cas-là, sa vision du cyberespace, ainsi que ses normes puisque toutes les entreprises mondiales du numérique doivent s’y plier. L’Union Européenne représente un marché majeur à l’échelle mondiale et elle joue un rôle clé dans le commerce électronique mondial. En parallèle du DSA qui protège les citoyens européens, le DMA permet de favoriser la concurrence et d’éviter un monopole de l’espace numérique par les GAFAM, notamment en s’attaquant aux « gatekeepers », ces entreprises qui jouent un rôle d’intermédiaire entre le numérique et les consommateurs (moteurs de recherche, systèmes d’exploitation, réseaux sociaux, etc.). Avec ces cadres législatifs, l’Union Européenne favorise l’insertion sur le marché d’entreprises naissantes. Face aux géants du numérique américains et chinois, les entreprises européennes sont pour l’instant minoritaires en termes de part de marché mais également moins compétitive. Avec un fort soutien de l’innovation numérique de la part de l’Union européenne, certaines entreprises pourraient s’insérer sur le marché et créer de l’emploi ainsi que de la richesse en Europe. Le DMA favorise par exemple l’interopérabilité des téléphones portables (le fait de pouvoir faire migrer ses données d’un téléphone d’une marque à un téléphone d’une autre marque). Ainsi, si une entreprise qui construit des téléphones portables parvient à être compétitive, elle pourra plus facilement récupérer une part du marché. Ces deux ensembles législatifs peuvent donc être des atouts pour l’innovation européenne. Cependant, cette question de la protection des données et des utilisateurs reste pour beaucoup un frein à l’innovation notamment dans des secteurs qui ne sont pas encore couvert par la législation européenne. C’est surtout le cas du développement de l’Intelligence artificielle (IA) qui connaît un « retard » en Europe par rapport à ses rivaux tel que les Etats-Unis et la Chine. Les DSA et DMA sont donc des outils puissants de la souveraineté numérique européenne qui pourraient de plus favoriser à terme le développement de la filière du numérique européenne. L’engagement de l’Union Européenne dans le développement du numérique est une bonne chose pour l’avenir dans un monde de plus en plus connecté. Mais l’enjeu reste pour l’Union Européenne de trouver un équilibre pour pouvoir garantir à la fois le bon développement compétitif du numérique en Europe mais aussi pour pouvoir garantir sa sûreté.