Depuis 2010, la Hongrie n’a cessé de heurter les pays membres de l’UE de part ses avis politiques tranchés et la vision eurosceptique de certaines de ses figures politiques. Elle était pourtant entrée en 2004 dans l’UE dans le cadre de l’élargissement de l’UE après la chute du bloc soviétique dans un contexte de croissance économique et de libéralisation politique. Elle choque premièrement lors de l’apparition de Victor Orban au poste de Premier ministre, une figure d’extrême droite et eurosceptique qui n’hésitera pas à assumer ses positions au sein des différents Conseils. C’est surtout depuis le 1er juillet 2024, que la Hongrie occupe le poste de la présidence du Conseil de l’UE : un poste clé dans un contexte complexe. Il semble alors important, au regard des critiques politiques et médiatiques, et à moins d’un mois de la fin de cette présidence, de dresser les conclusions de celle-ci parfois occultée de la presse européenne.
Quels objectifs avancés pas la présidence hongroise
Pour rappel, le conseil de l’UE a pour objectif principal d’assurer la continuité des travaux au sein du conseil : exercer la présidence joue donc un rôle d’impulsion des travaux législatifs. La présidence s’effectue seule mais un programme en trinôme (trois présidences consécutives, ici l’Espagne, la Belgique et la Hongrie) est mis en place afin d’assurer la continuité des travaux de l’UE.
Dans un discours puis un communiqué de presse de la Hongrie de juin 2024, les objectifs principaux ont été présentés sous les points principaux suivants : l’objectif premier est la compétitivité dans tous les domaines de la productivité européenne dans le but de limiter l’inflation et de stimuler la croissance économique. La Hongrie souhaite ensuite une politique d’élargissement cohérente, que les journaux interprètent comme l’appui de candidatures à l’adhésion européenne de ses pays alliés. Enfin, la Hongrie souhaite endiguer l’immigration irrégulière, et il faut donc entendre par cela un durcissement de la politique migratoire et des droits d’entrées sur le territoire européen. Un programme donc plutôt tourné vers les valeurs nationalistes hongroises.
Une présidence controversée critiquée par les médias européens
Le scepticisme des européens face à Orban débute lorsque ce dernier n’hésite pas à utiliser comme slogan de présidence du conseil une idée ouvertement trumpiste : « Make Europe Great Again », que certains journaux prennent pour une réelle volonté de provoquer les européens, et que la Commission et Madame Ursula Von Der Leyen critiquent vivement.
Depuis quelques mois, la Hongrie a régulièrement bloqué ou ralenti les décisions de l'Union européenne, notamment en ce qui concerne les sanctions contre la Russie pour son agression en Ukraine. Cette attitude reflète sa proximité avec le président russe et son opposition à l'aide militaire et économique à l'Ukraine. Par ailleurs, environ 13 milliards d'euros de fonds européens, incluant les fonds de cohésion et les fonds du plan de relance de l'UE, ont été suspendus à l'encontre de la Hongrie. La Commission européenne exige des réformes nationales concrètes pour débloquer ces fonds.
La Hongrie occupe un rôle clé dans un contexte complexe de l’UE. Dans sa déclaration de début de présidence au conseil et de présentation de ses objectifs, Odor Balint, ambassadeur hongrois à l’Union déclare : « La Hongrie œuvrera en tant que médiateur honnête, dans un esprit de coopération sincère entre les États membres et les institutions, pour la paix, la sécurité et la prospérité d’une Europe véritablement forte. ». Ce discours a une nouvelle fois fait l’objet de critiques, des journaux européens tels que The Guardian, du fait de l’opposition récurrente hongroise lors des sessions parlementaires, notamment sur l’opposition formelle de Victor Orban au Pacte Asile et migration, ou sa tentative de faire passer l’adhésion de la Serbie à l’UE.
Alors que la présidente du Parlement Roberta Metsola évoque un changement positif au sein de l’UE et prône une liberté d’expression malgré les divergences d’idées, Victor Orban veut un changement de l’Europe et veut que sa présidence soit catalyseur de mutations.
Quelles répercussions pour l’UE ?
Ainsi, est ce que cette institution a-t-elle été tant impactée que ne l’avaient prévues les inquiétudes des médias européens ?
Notons que cette présidence se place dans la cadre du renouvellement du Parlement européen après les élections de juin 2024, mais aussi du renouvellement des commissaires européens en cette fin d’année, ce qui endigue les décisions et qui se traduit par une période de creux dans les décisions européennes.
Finalement, entre la présidence trinôme, la présidence rapide (seulement 6 mois) et le tournant institutionnel de l’Union européenne, le conseil des ministres n’a pas pu être impacté autant que ce que l’on attendait. Ainsi cela pose la question de la réelle influence de la présidence du conseil des ministres : dans un souci d’égalité de souveraineté et de partage égal des compétences, nous comprenons qu’il a été créé afin de permettre une égalité des chances de parole et une volonté de partage des compétences.
Sources :
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Chastand, J.-B., & Malingre, V. (2024, juin 29). Viktor Orban récupère la présidence du Conseil de l’Union européenne pour six mois. Le Monde. https://www.lemonde.fr/international/article/2024/06/29/viktor-orban-recupere-la-presidence-du-conseil-de-l-union-europeenne-pour-six-mois_6245421_3210.html
de Meyer, K. (2024, octobre 9). A Strasbourg, les Européens règlent leurs comptes avec Viktor Orban. Les Echos. https://www.lesechos.fr/monde/europe/a-strasbourg-les-europeens-reglent-leurs-comptes-avec-viktor-orban-2124171
Gel des fonds de l’UE pour la Hongrie : Débat avec la Commission | Actualité | Parlement européen. (2024, janvier 23). https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20240122IPR17026/gel-des-fonds-de-l-ue-pour-la-hongrie-debat-avec-la-commission
Hongrie : D’élève modèle à révélateur des problématiques européennes. (2010, juin 25). IRIS. https://www.iris-france.org/43027-hongrie-deleve-modele-a-revelateur-des-problematiques-europeennes/
La Hongrie prend la présidence tournante du Conseil de l’UE | vie-publique.fr. (2024, juin 28). https://www.vie-publique.fr/en-bref/294738-la-hongrie-prend-la-presidence-tournante-du-conseil-de-lue
La présidence du Conseil de l’UE. (s. d.). Consilium. Consulté 24 novembre 2024, à l’adresse https://www.consilium.europa.eu/fr/council-eu/presidency-council-eu/
Présidence hongroise du Conseil : Débat avec le Premier ministre Viktor Orbán | Actualité | Parlement européen. (2024, octobre 9). Parlement européen Actualité. https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20241003IPR24420/presidence-hongroise-du-conseil-debat-avec-le-premier-ministre-viktor-orban
Quentin, M. (2024, juillet 1). « Make Europe Great Again » : Coup d’envoi de la présidence hongroise du Conseil de l’Union européenne. Touteleurope.eu. https://www.touteleurope.eu/presidence-du-conseil-de-l-union-europeenne/make-europe-great-again-coup-d-envoi-de-la-presidence-hongroise-du-conseil-de-l-union-europeenne/
Rankin, J., Bruxelles, J. R. à, Rankin, J. (2024, juin 30). ‘Make Europe Great Again’ : Hungary sets scene for its EU presidency. The Guardian. https://www.theguardian.com/world/article/2024/jun/30/make-europe-great-again-hungary-sets-scene-eu-presidency
The Hungarian presidency programme. (s. d.). The Hungarian presidency programme. Consulté 24 novembre 2024, à l’adresse https://hungarian-presidency.consilium.europa.eu/en/programme/programme/
Viktor Orbán accuse l’UE de vouloir renverser son gouvernement | Euronews. (2024, octobre 23). Euronews. https://fr.euronews.com/2024/10/23/viktor-orban-accuse-lue-de-vouloir-renverser-son-gouvernement
Viktor Orban, l’Européen qui mise sur Donald Trump. (2014, octobre 14). https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/14/viktor-orban-l-europeen-qui-mise-sur-donald-trump_6351544_3232.html
Vorreiter, P. (2024, juillet 1). Ungarn übernimmt EU-Ratspräsidentschaft (Maintenant c’est au tour d’Orban). tagesschau.de. https://www.tagesschau.de/ausland/europa/eu-ratspraesidentschaft-ungarn-100.html