Le chargeur universel : une avancée historique

L’introduction obligatoire du port USB-C dès décembre 2024 a permis de simplifier l’usage des appareils électroniques pour les consommateurs européens. Selon la Commission, cette mesure permettrait de réduire les déchets électroniques de 1 000 tonnes par an et d’économiser 250 millions d’euros en évitant l’achat de chargeurs multiples. Pour Apple, cette transition marque un changement radical. Depuis des années, la firme s’opposait à cette mesure. Son argument principal étant que son connecteur offrait de meilleures performances. L’entreprise a aussi utilisé l’argument écologique, soulignant que rendre obsolètes les anciens chargeurs générerait des déchets importants. Mais face à la pression croissante de l’Union européenne, Apple a dû se conformer, réjouissant par la même occasion de nombreux utilisateurs.

Un nouvel objectif : l’ouverture d’iOS

Fort de cette victoire, la Commission européenne cible maintenant un aspect clé de l’écosystème Apple : son système d’exploitation fermé. Actuellement, seules les montres et accessoires Apple peuvent accéder aux fonctionnalités complètes des iPhone, comme les notifications ou les données de santé. Cette stratégie est perçue comme un frein à la concurrence. Elle empêcherait des fabricants comme Xiaomi ou Google de proposer des alternatives équivalentes.

La Commission exige une interopérabilité totale, permettant à des appareils tiers d’accéder aux mêmes fonctionnalités que les produits Apple. « Tous les appareils doivent être traités de manière équitable dans l’écosystème Apple », a affirmé Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission en charge du Numérique et de la Concurrence Ces exigences s’inscrivent dans le cadre du Digital Markets Act (DMA), qui impose des règles strictes aux grandes plateformes pour garantir une concurrence équitable.

Apple invoque la protection des données

Connu pour l’imperméabilité de son écosystème, Apple n’a pas tardé à exprimer des réserves majeures. L’entreprise insiste sur son engagement envers la confidentialité des données. Elle joue sur le danger que pourrait poser l’accès de ses fonctionnalités par des montres comme celle de Xiaomi. Cela pourrait compromettre la sécurité d’informations sensibles comme les SMS ou les notifications. Apple cible notamment Meta, qu’elle accuse de collecter excessivement les données via ses produits comme les casques Meta Quest. « Aucune entreprise ne fait plus de demandes d’accès aux données sensibles que Meta ».

Un écosystème sous pression

Le modèle d’Apple repose sur un écosystème fermé, garantissant une expérience utilisateur fluide en échange d’une perte de liberté des consommateurs. Sous la pression du DMA, Apple a déjà été contrainte d’Autoriser des magasins d’applications tiers, de Permettre la suppression de certaines applications préinstallées et d’ouvrir Apple Pay à des systèmes de paiement concurrents. La Commission ne compte pas s’arrêter la et estime que l’ouverture complète de l’écosystème reste indispensable pour garantir une concurrence saine.

En cas de non-conformité, Apple s’expose à des sanctions importantes. En mars 2024, l’entreprise a déjà été condamnée à une amende de 1,84 milliard d’euros pour abus de position dominante sur le marché de la musique en ligne. Apple pourrait s’exposer à d’autres amendes si elle persistait à limiter l’accès à son système d’exploitation.

Il est intéressant de voir comment la Commission s’adapte aux enjeux du numérique comme par création du Digital Act. Les conséquences qu’elle a déjà eu sur un mastodonte de la tech comme Apple montre l’impact que l’Europe peut avoir au niveau mondial. Cette bataille met en lumière une opposition fondamentale entre deux visions : celle d’Apple, centrée sur le contrôle total, et celle de l’Europe, prônant un marché ouvert. L’issue de ce conflit pourrait transformer durablement le paysage numérique, non seulement pour Apple, mais aussi pour l’ensemble des grandes plateformes opérant en Europe.





Sources:

Adam, L. (2024, décembre 19). L’interopérabilité de l’écosystème Apple remis en cause par la Commission européenne (et Meta). ZDNET. https://www.zdnet.fr/actualites/linteroperabilite-de-lecosysteme-apple-remis-en-cause-par-la-commission-europeenne-et-meta-403401.htm



Crochart, P. (2024, décembre 20). L’Europe veut briser le mur d’Apple : Ce qui pourrait changer sur les iPhone. L’Éclaireur Fnac. https://leclaireur.fnac.com/article/561032-leurope-veut-briser-le-mur-dapple-ce-qui-pourrait-changer-sur-les-iphone/

Cuveliez C. Apple obligée de tout dire sur son système d’exploitation. (2024, décembre 23) https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/apple-obligee-de-tout-dire-sur-son-systeme-d-exploitation-1014057.html?id=48150262911852

Ledroit, V. (2024, mars 15). Vers un seul et même chargeur pour nos smartphones et tablettes partout en Europe. Touteleurope.eu. https://www.touteleurope.eu/l-europe-et-moi/vers-un-seul-et-meme-chargeur-pour-nos-smartphones-et-tablettes-partout-en-europe/

NICOLLE-ANNIC, J. (2023, septembre 12). RÉCIT. iPhone 15 : Comment l’Union européenne a fait plier Apple et a imposé un chargeur universel. Ouest-France.fr. https://www.ouest-france.fr/high-tech/apple/recit-iphone-15-comment-lunion-europeenne-a-fait-plier-apple-et-a-impose-un-chargeur-universel-8f57b7d0-513b-11ee-bd2b-11d6ecd273da