Des violations graves des droits humains

Depuis plusieurs années, l’Azerbaïdjan est accusé de réprimer violemment sa société civile. Les opposants politiques, journalistes et militants des droits humains sont systématiquement ciblés. Amnesty International estime à plus de 300 le nombre de prisonniers politiques actuellement détenus pour leurs critiques envers le régime d’Ilham Aliyev. Parmi eux, des figures telles qu’Anar Mammadli, cofondateur de l’Initiative pour la justice climatique, ou encore Ruben Vardanian, un homme d’affaires arménien capturé lors de la chute du Haut-Karabakh en 2023, subissent des conditions de détention inhumaines selon Amnesty international.

Les allégations de torture et de mauvais traitements se multiplient. Le Comité pour la prévention de la torture du Conseil de l’Europe a condamné dans une lettre par le Commissaire O’Flaherty à Ilham Aliyev, le refus de coopération des autorités azerbaïdjanaises, soulignant l’échec du gouvernement à enquêter sur ces pratiques.

Une crise humanitaire au Haut-Karabakh.

L’offensive de septembre 2023 sur le Haut-Karabakh a entraîné, selon Amnesty, un exode massif de 100 000 Arméniens, marquant un nouvel épisode de nettoyage ethnique. La fermeture du corridor de Latchine, vital pour l’acheminement de l’aide humanitaire, a provoqué des pénuries de nourriture et de médicaments. Ces actes, qualifiés de violations graves des droits humains, sont dénoncés par les organisations internationales comme notamment la CPT.

Le Haut-Karabakh est devenu le symbole des tensions ethniques récurrentes entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan depuis les années 1980. La dernière offensive de Bakou, justifiée comme une opération « antiterroriste », a fait plus de 200 morts, laissant planer des doutes sur la volonté du gouvernement d’assurer un retour en sécurité des populations déplacées.

Greenwashing et diplomatie

L’Azerbaïdjan, dont l’économie repose à 50 % sur l’exportation d’hydrocarbures, est accusé d’utiliser la COP 29 pour redorer son image. Des scandales de « diplomatie du caviar » ont éclaté ces dernières années, illustrant les efforts du régime pour influencer les décisions internationales ainsi que rester au pouvoir.

Pendant ce temps, la répression des militants écologistes et des manifestations pacifiques, comme celles de Soyodlu contre une mine d’or, révèle une incohérence flagrante entre les ambitions affichées et la réalité sur le terrain. Les protestataires pacifiques ont été violemment dispersés, leur droit à la liberté d’expression bafoué.

Environnement et droits humains : un lien indissociable

Les droits humains sont essentiels à une véritable justice climatique. La société civile azerbaïdjanaise, muselée par des lois restrictives, est incapable de participer efficacement aux discussions cruciales sur le climat. Les ONG indépendantes font face à des obstacles administratifs énormes, tandis que les organisations pro-gouvernementales dominent le paysage. Les appels à l’action se multiplient : les militants exigent des sanctions contre le régime Aliyev, la libération des prisonniers politiques, et le droit au retour des populations déplacées du Haut-Karabakh. Des voix s’élèvent également pour appeler les mouvements écologistes à ne pas dissocier les enjeux environnementaux des droits humains.

Une COP controversée

La tenue de la COP 29 en Azerbaïdjan, dans un contexte de violations massives des droits humains et de greenwashing, soulève des doutes sur la crédibilité de la conférence. Les défenseurs des droits rappellent qu’« il n’y aura pas de transition écologique sans justice sociale ». La communauté internationale est appelée à ne pas fermer les yeux sur ces abus et à intégrer les droits humains dans la lutte contre le changement climatique. En organisant cette conférence dans un tel contexte, l’ONU risque de fragiliser son rôle de garant d’une transition écologique inclusive et respectueuse des droits fondamentaux. L’issue de la COP 29 sera déterminante pour évaluer si la justice climatique peut réellement aller de pair avec les valeurs universelles des droits humains.

Sources :

Le Monde (2024, novembre 5). COP 29 : « L’enjeu environnemental et celui des droits humains seront inextricablement liés ». www.lemonde.fr. URL : https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/05/cop29-l-enjeu-environnemental-et-celui-des-droits-humains-seront-inextricablement-lies_6377817_3232.html

Vincent F. (2024, juillet 24). L’Azerbaïdjan accusé de « torture et mauvais traitements » sur des détenus arméniens. www.lemonde.fr. URL : https://www.lemonde.fr/international/article/2024/07/04/l-azerbaidjan-accuse-de-torture-et-mauvais-traitements-sur-des-detenus-armeniens_6246923_3210.html

Conseil de l’Europe (2024, novembre 18). Azerbaïdjan : le Commissaire demande la libération des défenseurs des droits humains, des journalistes et des militants de la société civile. URL : https://www.coe.int/fr/web/commissioner/-/azerbaijan-commissioner-asks-for-release-of-human-rights-defenders-journalists-and-civil-society-activists