Une opposition réprimée

En 2022, Alexeï Gorinov avait été le premier citoyen à être condamné sous une loi adoptée peu après le début de la guerre en Ukraine, visant à criminaliser toute critique de l’armée russe. Lors d’une réunion municipale « retransmise sur YouTube », il avait qualifié le conflit de "massacre inutile", attirant l’attention internationale. Cette condamnation marquait un tournant dans la stratégie répressive du Kremlin. Les nouvelles accusations reposent sur des conversations qu'il aurait eues avec d’autres détenus en prison, où il aurait soi-disant soutenu des opérations militaires ukrainiennes qualifiées de "terroristes" par les autorités russes. Gorinov a vigoureusement nié ces affirmations, soulignant son opposition à toute forme de violence. Dans un ultime plaidoyer, il a déclaré : « Ma culpabilité est celle d’un citoyen n’ayant pas su empêcher cette guerre. »

Une santé fragile et des conditions déplorables

Depuis son emprisonnement, l’état de santé d’Alexeï Gorinov s’est fortement dégradé. Les organisations de défense des droits humains, notamment Amnesty International, ont exprimé leur inquiétude face à ses conditions de détention. Natalia Zviagina, directrice d’Amnesty en Russie, a qualifié la condamnation de "cruelle persécution" et a appelé à sa libération immédiate. « Le cas de Gorinov montre à quel point le Kremlin est prêt à tout pour étouffer la dissidence », a-t-elle ajouté.

Une condamnation largement critiquée

Les réactions internationales ont eu lieu. Marc Cools, président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, a déclaré : « Nous sommes solidaires d’Alexeï Gorinov et de toutes les personnes détenues pour leurs convictions politiques. Ces persécutions sont inacceptables et doivent cesser. » Le gouvernement français a également fermement condamné ce verdict, qualifiant la situation d’« acharnement répressif » et appelant à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques en Russie.

Un symbole de la résistance

Le cas d’Alexeï Gorinov incarne la montée en puissance de la répression politique en Russie. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, des centaines de citoyens ont été emprisonnés pour des accusations similaires, souvent prétextes à des poursuites arbitraires. Les militants, journalistes et opposants politiques restent la cible principale d’un appareil judiciaire au service du pouvoir. Malgré les persécutions, Alexeï Gorinov demeure une figure de résistance pour ceux qui continuent à défendre leurs idées en Russie et à travers le monde. Sa détermination symbolise le combat contre l’oppression et pour la liberté d’expression.

Sources :

Conseil de l’Europe - Salle de presse (2024, novembre 28). Le Président du Congrès condamne la persécution continue des élus locaux en Russie. URL : https://www.coe.int/fr/web/portal/-/le-pr%C3%A9sident-du-congr%C3%A8s-condamne-la-pers%C3%A9cution-continue-des-%C3%A9lus-locaux-en-russie

Le Monde avec AFP (2024, novembre 29). En Russie, l’opposant Alexeï Gorinov condamné à trois ans de prison supplémentaires. www.lemonde.fr URL : https://www.lemonde.fr/international/article/2024/11/29/en-russie-l-opposant-alexei-gorinov-condamne-a-trois-ans-de-prison-supplementaires_6420301_3210.html

Amnesty International (2024, novembre 29). Russie. Le militant anti-guerre Alexeï Gorinov condamné à trois années supplémentaires derrière les barreaux. www.amnesty.org URL : https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2024/11/russia-anti-war-activist-aleksei-gorinov-sentenced-to-three-additional-years-behind-bars/

France Diplomatie (2024, décembre 2). La France dénonce la nouvelle condamnation à de la prison ferme d’Alexeï Gorinov, opposant à la guerre d’agression russe en Ukraine. www.diplotie.gouv.fr URL : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/russie/evenements/evenements-de-l-annee-2024/article/la-france-denonce-la-nouvelle-condamnation-a-de-la-prison-ferme-d-alexei