Dans le milieu pharmaceutique, on craint la migraine. Les autorités européennes de la concurrence ont effectué des perquisitions dans des locaux de certains groupes, soupçonnés d’avoir collaboré entre eux pour freiner l’entrée de médicaments génériques sur le marché. L’exécutif européen a précisé que ces descentes ont eu lieu le 30 novembre dans plusieurs pays européens, sans pour autant donner le nom des entreprises concernées.
La Commission aurait « des raisons de croire que les sociétés concernées ont pu agir, seules ou ensembles, notamment pour retarder l’arrivée sur le marché de génériques pour un traitement en particulier. »
Le géant AstraZeneca a dit avoir fait l’objet d’une inspection ajoutant que l’enquête mandatée par Bruxelles concernait le Nexium, un médicament contre les brûlures d’estomac. Cette enquête fait suite à un rapport publié en juillet 2009, où la Commission s’était engagée à poursuivre ceux qui sont soupçonnés d’enfreindre les règles de la concurrence, après qu’une enquête préalable ait conclu que ces infractions auraient couté des milliards d’euros aux assurances, aux Etats et aux patients.
Disons-le, l’Union Européenne peine à se faire entendre d’une seule voix à ce sujet. Entre les firmes qui violent potentiellement les lois antitrust ou encore à l’instar du médiator, les médicaments reconnus dangereux à l’échelle européenne mais autorisés par certains états, la politique menée par Bruxelles se heurte souvent au lobbying et aux différentes politiques étatiques.
Pourtant, la Commission intensifie sa lutte contre les laboratoires pharmaceutiques, qui génèrent des bénéfices record, de l’ordre de 3,7 milliards de dollar pour un médicament-phare, tout en étant soupçonnés d’empêcher l’arrivée sur le marché de médicaments génériques. Et rien n’est perdu ! AstraZenaca a déjà été condamné en 2005 par Bruxelles pour avoir abusé de procédures administratives pour retarder l’arrivée d’un médicament antiulcéreux concurrent.
Mais c’est désormais une chose acquise, l’industrie pharmaceutique n’est pas elle-même à l’abri d’ulcères… le montant des amendes infligées par la gardienne de la concurrence en Europe peuvent atteindre jusqu’à 10% du chiffre d’affaires d’une entreprise (près de 60 millions d’euros).
Grégoire Fraty, Arnaud Porsenna.