Le Parlement européen s’est prononcé par une résolution le jeudi 2 Décembre 2010 en faveur de la mise sur pied d’une enquête internationale indépendante sur l’agression de l’armée marocaine contre le camp sahraoui de Gdeim Izik dans la périphérie d’El Aâyoune.
Retour dans le passé : le 10 octobre 2010, 28 000 sahraouis installent un camp à 12 km de Laâyoune afin de protester pacifiquement contre leurs conditions de vie et le manque d’emplois et de logements qui les frappent. Cependant, dès le 8 novembre, les forces marocaines lancent un assaut sur le camp installé près de la ville faisant ainsi plusieurs morts et des centaines de blessés, le campement ayant au passage été entièrement démantelé.
Suite à ces évènements, le Parlement européen, dans le cadre de sa politique extérieure, a décidé de monter une enquête afin d’éclaircir le déroulement des faits et leurs réellles conséquences. Ces travaux furent à l’origine d’une proposition de résolution déposée le 25 Novembre 2010 à la suite d'une déclaration de Catherine Ashton, vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Cette dernière propose d’écarter la compétence de l’UE et de renvoyer l’affaire, du fait de sa gravité, à la compétence de l’ONU.
Pourtant, cette proposition soulève d’importantes critiques, notamment celle dressée par Rachida Dati, ex garde des sceaux lors du premier gouvernement Sarkozy et aujourd’hui parlementaire européenne au sein du groupe UMP : «nous n'avons pas eu le temps d'éclairer l'ensemble des députés sur la situation réelle loin des mensonges» expliqua t-elle, tout en regrettant l'attitude de «certains groupes politiques au Parlement européen qui vont parfois un peu trop vite et ne prennent pas le temps de considérer l'objectivité des faits qu'on leur rapporte». Selon elle, les évènements ne sont pas si graves et l’UE n’a pas à renvoyer l’affaire devant l’ONU mais seulement à laisser le Maroc gérer les évènements.
Sur quels éléments Madame Dati appuie son raisonnement ? La réponse laisse perplexe:
«Nous n'avions pas d'informations vérifiées et authentiques», sur ce qui s'est passé dans ce camp, a-t-elle ajouté en citant l'affaire des photos d'un enfant palestinien victime de la guerre de Ghaza publiées par la presse espagnole et montrées comme des images du camp de Gdeim Izik. «Vous voyez, avec ce qui se passe, ces fausses informations, je ne pouvais pas voter dans ces conditions», poursuit-elle. Elle a été soutenue par Taieb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères du Maroc, qui déclara après le vote du Parlement que «la résolution est précipitée et partiale ».
Bien léger lorsqu’on sait que les médias du monde entier ont fait état des exactions commises par l’armée d’occupation marocaine contre une population sahraouie désarmée.
Le Conseil d'association Maroc/UE du 8 décembre 2010 sera l’occasion de faire le point sur l'état des relations Maroc/UE, mais il y a fort à parier que les relations diplomatiques risquent de devenir légèrement tendues…
Pierrick Roberge & Élisa Coz
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+IM-PRESS+20101129IPR02808+0+DOC+XML+V0//FR
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=MOTION&reference=B7-2010-0679&language=FR
http://www.lavieeco.com/actualites/5183-rachida-dati-deplore-la-resolution-du-parlement-europeen-au-sujet-des-evenements-de-laayoune.html
http://www.actu-maroc.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1283:-la-resolution-contre-le-maroc-est-qune-catastrophe-legislative-qui-deshonore-le-parlement-europeen&catid=77:politique&Itemid=481