Le prix Sakharov « pour la liberté de l’esprit » a choisi cette année d’honorer « le Printemps arabe ». Ce n’est donc pas une, mais cinq personnes qui ont été récompensées. Le Prix Sakharov prime depuis 1988, des personnalités exceptionnelles qui luttent contre l’intolérance, le fanatisme et l’oppression.
Cette fois c’est sans polémique que ce prestigieux prix a été décerné, jeudi 27 octobre 2011, à un groupe de 5 militants qui ont participés chacun à leur manière, au vent de révolte qui a soufflé dans leurs pays respectifs, la Tunisie, l’Egypte, la Libye et la Syrie. « Ces personnes ont contribué à des changements historiques dans le monde arabe et cette récompense réaffirme la solidarité et le soutien ferme du Parlement à leur lutte pour la liberté, la démocratie et la fin des régimes autoritaires » a expliqué le Président du Parlement européen Jerzy Buzek.
Qui sont les lauréats ?
Parmi eux figure Mohamed Bouazizi, honoré à titre posthume, il est ce jeune diplômé de 26 ans qui s’est immolé par le feu le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid. Cet acte de désespoir et de protestation a été l’élément déclencheur du mouvement de contestation sans précédent en Tunisie, qui a conduit à la chute de Ben Ali le 14 février dernier. Outre M. Bouaziz, le Parlement européen a choisi d’honorer Asmaa Mahfouz, cette bloggeuse égyptienne, cofondatrice du « Mouvement des jeunes du 6 avril », elle avait appelé à se rassembler sur la place Tahir au Caire. Son mouvement avait conduit à la chute de Moubarak. Ont également été récompensés, Razan Zeitouneh, une avocate syrienne de 34 ans. Elle a dirigé des comités coordonnant la révolte contre le président Bachar al-Assad. Ahmed al-Zubair Ahmed, un dissident lybien de 77 ans. Libéré en 2001, il a passé 31 ans en prison en raison de son opposition au régime de Kadhafi. Et enfin Ali Farzat, dessinateur de presse syrien de renommée mondiale. En août dernier il a été gravement battu par les forces de sécurité syriennes qui lui ont cassés les mains.
Ces 5 militants étaient en lice face à Dzmitry Bandarenka, un militant des droits civiques biélorusses et face à la communauté de la paix San José de Apartado, une communauté colombienne de « campesinos » (fermiers). Mais c’est à l’unanimité que les présidents des groupes politiques du Parlement européen ont élu ces 5 figures du « Printemps arabe ».
Ce prix s’est imposé au fil des ans comme une sorte d’équivalent européen du prix Nobel de la paix. Si les prix des droits de l’homme apportent visibilité et crédibilité à ceux qu’ils récompensent, les aident-t-ils pour autant dans leur combat ? C’est une question que l’on peut en effet se poser au regard des destins de quelques lauréats. Depuis que Chirin Ebadi a reçu le prix Nobel de la paix en 2003, elle vit entourée de gardes du corps et reçoit de nombreuses menaces de mort.
Le prix Sakharov, qui représente un montant de 50 000 euros, sera remis lors d’une cérémonie officielle, le 14 décembre prochain à Strasbourg.
Morwenna Joubin, Coralie Ledoux
Sources :
- http://www.lepoint.fr/societe/prix-sakharov-le-parlement-europeen-rend-hommage-au-printemps-arabe-27-10-2011-1389808_23.php
- http://www.rue89.com/2011/10/27/le-prix-sakharov-decerne-cinq-figures-du-printemps-arabe-226004
- http://www.touteleurope.eu/index.php?id=2778&cmd=FICHE&uid=5524&no_cache=1&displayfiche=5524
- http://www.europarl.europa.eu/parliament/public/staticDisplay.do?language=fr&id=42