C’est un évènement dans l’histoire du Kirghizstan ! Une chose qui ne s’est jamais produite depuis la chute de l’ex-Urss dans un état d’Asie Centrale : des élections législatives démocratiques !
Le renversement du Président Bakiev en Avril se fait dans le sang, (87 morts). De nombreux affrontements ont lieux par la suite : entre partisans et opposants de l’ancien régime, ou encore entre Ouzbeks et Kirghizs. Ces élections vont-elles enfin amener un peu de paix et de tranquillité ? On l’espère. Et le conseil de l’Europe entend veiller au bon déroulement des évènements! Ces élections se feront selon les normes démocratiques ou bien elles ne seront pas validées. Une délégation de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe est désignée pour rencontrer les candidats et observer la conduite des opérations … Enfin des élections libres ! Qui plus est, on a pour la première fois une élection pluripartiste, les Kirghizes peuvent enfin voter pour le candidat qui leur ressemble !
Mais tout n’est pas gagné d’avance. On redoute les fraudes. On sait que dans le Sud, région pauvre et de tradition islamique, la population aura tendance à choisir le candidat en fonction de son origine ethnique plutôt qu’en fonction de son parti. Ces gens sont moins préparés à la démocratie que dans le Nord, plus industrialisé, plus riche, et plus ouvert aux influences européennes. Or, si on se base sur le nombre de voies, c’est le Sud qui va l’emporter selon David Gauzere, chercheur, qui s’exprime sur le site de Rue 68… Et puis, certes, le nombre de candidats est grand, mais ce spécialiste pense que ces candidats sont motivés par des ambitions personnelles et que leur objectif principal serait le retour à l’ordre.
Suspens. Enfin, le résultat tombe. C’est l’ancien premier ministre Almazbek Atambayev qui est élu, le représentant de la frange modéré des révolutionnaires. Il est soutenu par les élites du Nord en faveur de la démocratie. Après vérification, l’APCE (assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe) conclut que ces élections sont valides : « Le scrutin, qui s’est déroulé dans le calme et sans violence, a été dans l’ensemble jugé positivement par les observateurs ». Parfait.
Pourtant quelques zones d’ombres demeurent. La presse fait état de listes électorales incomplètes. Le Monde assure que les opposants du candidat élu crient à la supercherie. On parle de bourrage d’urnes, d’achats de vote, de vote familial, etc. Même l’ACPE le reconnait et pourtant ces élections ont été validées. Pire, lorsque l’ACPE assure que chaque candidat a été libre de se présenter, on peut lire dans la presse (le 20minutes ou l’Express) que « Rosa Otounbaïeva, présidente par intérim, ne pouvait se présenter à l'élection ».
Comment expliquer alors que le résultat de cette élection soit approuvé par les autorités européennes ? Serait-ce parce que Almazbek Atambayev se dit favorable à une coopération avec le Conseil de l’Europe ? Serait-ce pour assurer au plus vite la stabilité dans une zone qui dispose, selon le Figaro, d’une base aérienne essentielle au déploiement des troupes étasuniennes en Afghanistan ? Probablement pas puisque l’ancien Premier Ministre souhaite faire fermer la base en 2014. De plus, il souhaiterait intégrer à terme l’Union eurasienne, et non l’Union européenne. Quel intérêt le Conseil de l’Europe aurait-il donc à approuver cette élection ?
http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/31624574 http://www.thefreelibrary.com/Prime+Minister+Atambaev+meets+with+PACE+delegation.-a0260040800 http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/10/31/97001-20111031FILWWW00270-presidentielle-kirghize-victoire-du-pm.php http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20111101-le-nouveau-president-kirghizistan-pourrait-revoir-politique-etrangere http://assembly.coe.int/ASP/NewsManager/EMB_NewsManagerView.asp?ID=7095&L=2