Malgré les derniers succès de la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires extérieures sur le dossier du nucléaire iranien, il semble que Catherine Ashton et le service européen pour l’action extérieure peinent encore à trouver leur place dans le concert européen. Les échecs successifs de la diplomatie européenne en Ukraine ont vite effacé des esprits la réussite iranienne, sans parler de la crise centrafricaine.
En effet, s’il y a bien une chose que l’on comprend au vu des récents événements en Centrafrique, c’est que le SAE n’arrive toujours pas à avancer une réponse commune européenne. L’action isolée de la France, lancée le 5 décembre dernier contre les rebelles de la Séléka, est le signe de l’échec de l’élaboration d’une politique homogénéisée. Pire, le fait que la France agisse en son nom propre n’a choqué personne. L’initiative unilatérale reste la norme, même trois ans après la mise en place du SEAE. Après les appels répétés de Laurent Fabius, une légère ouverture s’est faite sentir hier lundi 16 décembre. Tout d’abord sur le financement d’une aide humanitaire qui a été doublée à hauteur de 60 millions d’euros, ainsi que sur 23 millions d’euros d’aide au développement, qui seront débloqués lorsque la stabilité sera revenue. Certains Etats ont également décidé d’apporter un soutien logistique, comme l’Allemagne ou la Belgique. Cependant, il s’agit d’initiatives individuelles, aucun soutien militaire actif n’est prévu de manière collective.
Pourtant, l’envoi du Battlegroup, initialement crée justement pour les opérations d’urgences, était tout indiqué. Mais le refus annoncé des Anglais actuellement à sa tête, plus eurosceptiques que jamais, a mis le holà à l’intervention européenne. Cette force opérationnelle, établie en 2007, n’a encore jamais servi. Après le Mali, la France se retrouve donc seule à nouveau à prendre la défense des droits de l’Homme en Afrique.
La crise centrafricaine nous remet face au problème : ce qui prime aujourd’hui, ce sont les intérêts nationaux. Et pas seulement au niveau gouvernemental, il en va de même des opinions publiques. La preuve, le refus des Etats d’engager une action collective européenne en Centrafrique est due en partie à leur réticence à aller à l’encontre de leurs électeurs, qui avec la crise économique se replient sur leurs intérêts propres et ne voient pas l’intérêt d’aller se perdre en Afrique quand les choses vont si mal chez eux. Les idéaux humanistes sont mis à mal.
Cependant la crise a eu aussi une autre conséquence, elle a engendré des coupes drastiques dans les budgets alloués à la défense (rappelons que le livre blanc de la défense rendu public en octobre 2013 revoyait nettement à la baisse ce budget en France). Il irait donc dans la logique des choses d’établir des solutions collectives. Reste à espérer que le Conseil européen de défense des 19 et 20 décembre saura prendre en compte cette nécessité et permettre au SEAE de jouer pleinement son rôle.
Sources :
- Sites institutionnels :
http://eeas.europa.eu/statements/docs/2013/131216_03_en.pdf
http://europa.eu/rapid/press-release_IP-13-1243_en.htm
http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/en/esdp/91624.pdf
- Presse française :
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0203193641161-centrafrique-l-europe-est-prete-a-ouvrir-le-debat-sur-le-financement-637783.php?xtor=RSS-2053
http://www.lepoint.fr/monde/centrafrique-l-alarmante-solitude-de-la-france-12-12-2013-1768547_24.php
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/12/16/l-europe-doit-se-doter-d-une-strategie-globale-de-defense-et-de-securite_4335359_3232.html
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/04/29/20002-20130429ARTFIG00357-defense-les-cinq-elements-marquants-du-livre-blanc.php
Presse internationale :
http://www.bruxelles2.eu/zones/tchad-soudan/les-europeens-arrivent.html
http://www.bruxelles2.eu/zones/tchad-soudan/battlegroup-pour-le-centrafrique-et-la-haute-representante-mis-le-hola.html