Jean-Claude Juncker - Président de la Commission européenne - Copyright © Commission européenne
Ce lundi 1er décembre a marqué le premier mois d'activité de la Commission européenne menée par son Président luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Entrée en fonction au 1er novembre 2014, et symboliquement renommée la « Commission de la dernière chance », ses débuts tant attendus ont été particulièrement mouvementés. Face à un double contexte de crise à la fois politique et économique, elle a dû rapidement s'atteler à la tâche qui lui incombe.
Un défi politique...
Alors que les partis europhobes profitent de relents nationalistes amplifiés par la crise financière, le gouffre entre les citoyens et la gouvernance européenne ne cesse de se creuser. En vue de rapprocher ressortissants européens et institutions, le Président de la Commission européenne a été élu – et non pas seulement approuvé – par le Parlement ¹, qui lui-même, a été constitué selon le résultat des élections de mai 2014. Le Président Juncker a donc pris ses fonctions doté d'une légitimité politique plus forte et plus symbolique que celle de ses prédécesseurs. Cependant quelques jours seulement après sa prise de fonction le 5 novembre, le scandale « Luxleaks »² vient entaché l'image de Juncker. Dans un contexte où le scepticisme des citoyens envers les politiques est déjà très marqué, cette énième affaire financière vient briser la dynamique positive à peine mise en place. Bien que rejetée par le Parlement, la motion de censure voulue par les parties europhobes³, ainsi que l'emballement médiatique, ont très largement mis à mal l'efficacité, et surtout la légitimité le pouvoir du Président.
… doublé d'un défi économique
Malgré un contexte noirci par la crise économique, le plan d'investissement proposé par la Commission le 26 novembre⁴ vient quelque peu redorer son blason. Bien qu'accueilli avec réserve sur certains points, notamment en raison de l'effet de levier ou du manque d'argent frais⁵, le plan d'investissement est désormais soutenu par la France et l'Allemagne⁶. Néanmoins il reste encore à prouver son efficacité. Il est donc encore bien trop tôt pour en tirer de réelles conclusions. Au delà des réflexions purement économiques sur le contenu, on peut toutefois saluer la prise de risque de Juncker. Le plan d'investissement a le mérite d'être ambitieux. Conscient de l'impossibilité de faire dans la demi-mesure à cause d'un contexte économique qui ne laisse pas la place aux hésitations, le Président de la Commission choisit de parier sur l'Union européenne et vise haut.
Un bilan mitigé
Les débuts ont été clairement difficiles pour la Commission Juncker et les défis sont encore nombreux à relever. Loin d'être sortie de l'impasse, celle-ci ne peut cependant qu'aller de l'avant. Laisser les partis europhobes gagner du terrain n'est pas une option pour l'avenir la construction européenne. Suite au scandale « Luxleaks », la Commission européenne s'est efforcée de se faire transparente, dans le but de faire taire les critiques et de reconquérir, tant bien que mal, une opinion publique sceptique. Elle semble ainsi demander une « nouvelle dernière chance ». Mais il est légitime de se demander combien de « dernière chance » les citoyens européens devront lui accorder. Depuis bien longtemps la confiance ne tient plus qu'à un fil. Chaque nouveau contrat de confiance brisé tire un peu plus sur ce faible lien et rapproche l'Union européenne d'une cassure qui pourrait lui être fort préjudiciable. Autant la confiance est rapide à briser, autant à l'inverse elle est très lente à se reconstruire. Un court mois et un scandale ont suffi à l'affaiblir, il semble qu'il faudra la totalité du mandat restant pour la retrouver, sous réserve d'une politique exemplaire, tant sur le plan politique qu'économique.
Sources :