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LES FACTEURS SYRIE ET TURQUIE

Tentant depuis le début de la guerre civile en Syrie de se placer en maître du jeu, c’est finalement chose faite depuis peu pour le gouvernement de Vladimir Poutine. Avec des raids lancés fin septembre 2015 officiellement « contre Daech » mais plus véridiquement contre les opposants du régime de Bachar Al-Assad, la Russie bloque toute tentative internationale d’apaisement de la crise syrienne. Mais, en aout 2016, c’est un nouveau tournant que prend le conflit avec l’intervention militaire de la Turquie qui souhaite « stabiliser ses frontières avec la Syrie » mais aussi entraver les milices kurdes, reléguées au même titre que les djihadistes de l’EI selon le gouvernement d’Erdogan mais parmi lesquelles se trouvent certains groupes combattant l’Etat Islamique. Dans cette situation déjà compliquée, l’Union Européenne ne sait ou se placer et reste donc dans une immobilité quasi totale depuis le début du conflit. Pendant que les tensions russo-turques se dégradent, l’UE joue à la Suisse. Pourquoi est-ce problématique pour le futur de l’Union Européenne ? Parce que le continent qui se veut défenseur des Droits de l’Homme et pionnier en la matière restera celui qui a laissé la Russie agir. L’UE restera dans les anales la soit disant puissance qui a fermé les yeux sur une alliance Vladimir Poutine – Bachar Al-Assad, la puissance qui a conclu un accord avec la Turquie pour y envoyer les réfugiés syriens, alors même que l’ONU tire la sonnette d’alarme sur le sort qu’ils subissent dans ce pays où les libertés fondamentales n’ont fait que reculer sous le gouvernement Erdogan.

LE FACTEUR USA ET DONALD TRUMP

Si l’on pensait la situation déjà complexe, c’était sans compter la place des Etats-Unis. Sans oublier celle de son président élu Donald Trump. Tout récemment en ce début 2017, les tensions entre les Etats-Unis et la Russie ont escaladé, rappelant des airs de Guerre Froide. Barack Obama a en effet décidé d’expulser des diplomates russes du territoire nord-américain suite à des éléments découverts par la CIA pointant du doigt l’intervention du gouvernement russe dans les élections présidentielles de novembre 2016, lesquelles ont élu le conservateur, anti OTAN et « Russo-friendly » Donald Trump. Quiconque estimant qu’il s’agit là d’une situation qui ne concerne que la Russie et les Etats-Unis ne saisit pas l’importance des relations internationales au 21ème siècle. En effet, l’amorcement de nouvelles tensions entre les deux puissances issues de la Guerre Froide n’a rien d’une bonne nouvelle pour l’UE, coincée entre les deux, géographiquement et stratégiquement. Si l’UE et les Etats-Unis sont des alliés de longue date et notamment partenaires militaires avec l’OTAN, l’Union Européenne doit aussi faire attention au jeu qu’elle joue avec la Russie compte tenu de sa place dans la crise syrienne, une crise qui a largement touché l’Union Européenne à tous les niveaux. D’autre part, si Donald Trump se querelle avec l’OTAN et se rapproche de Vladimir Poutine comme il entend le faire, quelle sera alors la place de l’Union Européenne dans les relations internationales ?


Les jeux que jouent la Russie dans les différents conflits sont certes des jeux dangereux, mais il est encore plus dangereux que l’Union Européenne n’affirme pas de manière stricte et ferme sa position avec la Russie. Après tout, se taire c’est aussi fermer les yeux et dire oui à ce qu’il se passe. Or, si l’Union Européenne souhaite conserver les valeurs qu’elle a incarnées jusqu’alors, il est temps de reprendre la main sur le jeu des relations internationales, d’autant plus au vu de la charnière que sera l’année 2017.


Sources :

  • Le Monde : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/08/25/recep-tayyip-erdogan-engage-l-armee-turque-dans-le-nord-de-la-syrie_4987899_3218.html
  • Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/international/2016/12/28/01003-20161228ARTFIG00063-la-turquie-et-la-russie-s-accordent-sur-un-cessez-le-feu-total-en-syrie.php
  • Euractiv : http://www.euractiv.fr/section/l-europe-dans-le-monde/news/lue-condamne-lassassinat-de-lambassadeur-russe-a-ankara/