Après le succès de la mise en place d’Ariane dans les années 1990, L’Europe, par le biais de l’Agence Spatiale européenne (ESA) a su s’imposer comme un leader dans le lancement des satellites, et surtout a permis une indépendance européenne sur ce plan-là. Aujourd’hui, cependant, cela est mis à mal avec l’arrivée de nouveaux concurrents internationaux (Inde et Chine notamment) et l’ambitieuse entreprise SpaceX, sous la coupe de la NASA.

Le succès et la menace SpaceX

Pour commencer, SpaceX, c’est l’entreprise spatiale d’Elon Musk, président de Tesla, connue notamment pour le projet d’établissement de colonies extraterrestres (sur Mars notamment). Pour cela, et grâce à sa fortune, il a pu financer de nombreux projets et crée sa propre technologie pour permettre à son ambition spatiale de prendre forme. Un des éléments les plus impressionnants économiquement et technologiquement est la fusée réutilisable, Falcon 9. Cela signifie économies considérables, car ce ne serait plus la formule 1 fusée = 1 lancement qui s’appliquerait, mais 1 fusée = 1+n lancement(s) (pour être précis, il s’agit du premier étage de la fusée qui est réutilisable, le plus cher). De plus, cela induit une baisse des prix pour les clients. Donc, nouveaux clients, feront plus d'économies et plus de compétitivité pour SpaceX et la NASA (puisqu’elle en finance une partie) et par conséquent et logiquement, les concurrents tels que l’ESA en pâtissent .

L’ESA toujours dans la course

Sur le terrain, les efforts européens en termes de spatiale sont visibles par la construction à Kourou, en Guyane, d’une nouvelle aire de lancement pour la prochaine génération de fusées, l’Ariane 6. A cela s’ajoute l’implication récente et financière de l’ESA dans Prometheus, le projet du Centre National d’études Spatiales (CNES) et d’Arianegroup. Prometheus (ou Prométhée pour Precursor Reusable Oxygen METHan cost Effective Engine), c’est un moteur de fusée qui bénéficiera de la meilleure technologie et destiné à équiper la fusée Ariane 6, dans l'idée de concurrencer Falcon 9. Son atout est d’être réutilisable, comme l’est la navette Space Rider, projet européen d’un mini laboratoire spatial, non habitable.

Quels sont les enjeux ?

Ici l’enjeu est avant tout économique et compétitif. Si avant seuls les Etats-Unis l’Europe et l’URSS se faisaient compétition aujourd’hui de nouveaux acteurs sont à prendre en compte. La concurrence est donc de plus en plus rude et baisser les coûts est donc particulièrement important pour rester compétitif. Pour maintenir cette compétitivité, la question budgétaire n’est pas à négliger non plus. Aujourd’hui l’Europe a un budget d’environ 5 milliards d’euros. En comparaison la NASA a un budget de 20 milliards de dollars environ (16 milliards d’euros). Celui de l’ESA est jugé trop limité. De plus, dans Challenges, sont rapportées les paroles de Stéphane Israël : « La compétitivité d'Ariane 6 est de la responsabilité croisée de l'industrie et des institutions européennes, car nous affrontons une concurrence soutenue par des marchés institutionnels gigantesques et fermés ». L’Europe est un marché ouvert, contrairement aux Etats-Unis qui privilégient la NASA sur son territoire et sa zone d’influence.

Un autre enjeu de taille se cache derrière la politique spatiale européenne : la souveraineté de l’Europe. Les politiques précédemment développées démontrent cette volonté de la conserver et de garder son autonomie. Ce qui l’illustre le plus, ce sont les satellites Galileo qui viennent contrebalancer le système GPS étasunien. Il sera totalement opérationnel en 2020 et bien plus précis.

Aujourd'hui, les maîtres mots du domaine spatial sont concurrence, baisse des coûts et accessibilité. Ce que nous pouvons dire c’est que Prometheus et les autres projets de l’ESA sont l’avenir de la compétitivité spatiale européenne.

Sources :