Gibraltar, colonie anglaise depuis 1713, vit une période de questionnements et de doutes face au vote advenu lors du referendum de 2016. En effet, 96% des Gibraltariens avaient voté pour le Remain, mais leur voix n’a pas eu un impact important sur le résultat final.
Ce vote a été un réel choc pour les habitants du rocher car la quasi-totalité de leur économie est basée sur la libre circulation des marchandises et des individus : chaque jour, près de quatorze mille personnes traversent la frontière anglo-espagnole pour toute sorte de raison : emploi, famille, séjours touristiques. Le peuple Gibraltarien ressent un sentiment d’injustice et de non-écoute face à ce vote.
Avec la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, les risques pour les Gibraltariens ne sont pas les moindres : dégâts économiques importants, contrats de travail rompus, retraites non payées, familles séparées. Par exemple, la région d’Andalousie est l’une des régions espagnoles avec le taux de chômage le plus élevé (21% en 2019), alors qu’à Gibraltar, le taux de chômage est quasi nul (1% en 2016), c’est donc pour cela que beaucoup d’espagnols se déplaçaient à Gibraltar pour des raisons économiques et professionnelles. Mais avec la séparation de l’état britannique avec l’UE, cette libre circulation sera mise à rude épreuve.
Une autre problématique subvient : quelles seront les relations entre Espagne et le Royaume-Uni sur la question du rocher après la sortie définitive de l’UE ? La question de Gibraltar a et continue de causer un réel désaccord entre ces deux États qui ne cessent de revendiquer le territoire.
Historiquement, les rapports entre le rocher et la péninsule ibérique ont été longtemps compliqués : Madrid a proposé deux fois un référendum pour un système de co-souveraineté qui n’ont pas été favorables aux intérêts espagnols. Le premier, datant de 1967, cause la fermeture de la frontière hispano-britannique laissant Gibraltar coupé du monde pendant 15 ans. Le deuxième, en 2002, est un échec écrasant pour l’Espagne : 98% de la population de Gibraltar a voté « non » pour un partage de souveraineté avec l’Espagne.
Les enjeux de possession de ce territoire sont très importants : pour commencer, la question de fiscalité. Le rocher est un paradis fiscal qui accueille une trentaine d’entreprises et des services bancaires. Ensuite, il est important de savoir que Gibraltar est un point stratégique maritime essentiel pour le Royaume-Uni : c’est un passage intracontinental et interocéanique principal dans l’échange et la circulation de bien et de personnes.
L’enjeu principale débattu au sein de la communauté européenne est de persévérer les relations économiques et diplomatiques entre la colonie britannique et l’Espagne car la richesse de Gibraltar dépend de la libre-circulation et, inversement, l’Espagne dépend en partie du rocher.
En attendant la sortie officielle du Royaume-Uni de l’UE prévue le 31 janvier 2020, la question de Gibraltar reste contestée des trois partis.
Sources:
Arte: "Gibraltar, le rocher de la discorde" https://www.arte.tv/fr/videos/074787-040-A/gibraltar-le-rocher-de-la-discorde/
RTBF: "Gibraltar, les conséquences du Brexit" https://www.rtbf.be/auvio/detail_tv5-dossier-gibraltar-et-brexit?id=2515881&jwsource=cl"
Franceinfo: "Le Brexit provoque des angoisses à Gibraltar" https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-monde-est-a-nous/le-brexit-provoque-des-angoisses-a-gibraltar_3592665.html
Franceinter: "Gibraltar se prépare au Brexit et à un conflit contre l'Espagne" https://www.franceinter.fr/emissions/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-14-mai-2019"
Skynews: image https://news.sky.com/story/brexit-tensions-add-to-gibraltars-tumultuous-relationship-with-spain-11560799