Un Hirak qui ne faiblit pas
En Algérie, le Hirak est en cours depuis 10 mois environ. Ce mouvement populaire, éclaté depuis le 16 février 2019, ne dévie pas de sa trajectoire. Après avoir obtenu la démission de l’ex-président M. Abdelaziz Bouteflika, en avril 2019, qui été au pouvoir pour 20 ans, les manifestants expriment leur rejet pour le nouveau président, Abdelmadjid Tebboune et continuent d’exiger le changement du système politique et le départ de ses représentants qui sont au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962.
Prisonniers d’opinion
Malgré le caractère pacifique des manifestations, le pouvoir a opté pour des répressions et des intimidations qui visent des jeunes militants, des journalistes et des simples citoyens arrêtés pour leur liberté d’expression. Selon les organisations non gouvernementales algériennes, on comptait 140 manifestants arrêtés. Plusieurs personnes connues sont en prison derrière les barreaux, comme M. Lakhdar Bouregaa, âgé de 86 ans. Un héros très connu et très respecté de la guerre d’indépendance.
La réaction du Parlement Européen
Le Parlement Européen a adopté le jeudi 28 novembre une résolution sur «la situation des libertés en Algérie» pour soutenir le Hirak et dénoncer la dégradation de l’état des libertés fondamentales. Les eurodéputés ont « condamné l’arrestation arbitraire et illégale, la détention, les intimidations et les attaques de journalistes, de syndicalistes, d’avocats, d’étudiants, de défenseurs des droits de l’homme et de la société civile...». Par sa résolution, le Parlement Européen demande aux autorités algériennes la libération immédiate de toutes les personnes inculpées pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression. Le Parlement ne demande que le respect des droits de l'homme. C’est leur simple droit de s'exprimer librement sans les jeter en prison.
Les réactions sur cette résolution
La résolution votée à une large majorité en plénière a été dénoncée par plusieurs voix officielles. A savoir que le ministère des Affaires étrangères de l'Algérie a « condamné et rejeté dans le fond et la forme » ce qu’il qualifie d’intervention flagrante dans les affaires interne du pays. De même, la Partie Algérienne de la Commission Parlementaire Mixte Algérie-UE a dénoncé un « grave émiettement » des droits de l’Algérie et de son processus électoral. Ainsi, l’Union Parlementaire Africaine et la Chine ont déclaré leurs oppositions à toute ingérence étrangère .... Comment traduire cette grande opposition à la résolution du parlement sur les libertés ?
Remises en liberté
Parmi les 140 manifestants détenus et arrêtés dans le cadre du Hirak, 4 manifestants condamnés pour avoir brandi un drapeau berbère sont sortis de prison en décembre. Ainsi, 76 ont été remis en liberté le 2 janvier 2020, la majorité à Alger. Ces libérations ne représentent que la moitié des détenus du Hirak. Toutefois, par sa résolution et son soutien, le Parlement a fait un pas de plus dans la libération des manifestants, affirmant toujours qu’il est défenseur des droits de l’homme partout dans le monde.
Sources
Europarl.europa (La résolution du Parlement)
https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/RC-9-2019-0193_FR.html
Le Figaro
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/l-algerie-denonce-le-mepris-du-parlement-europeen-20191128
Le Monde (nombre des détenues)
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/01/10/en-algerie-des-milliers-de-manifestants-pour-le-47e-vendredi-du-hirak_6025472_3212.html
El Watan (Les réactions)
https://www.elwatan.com/edition/actualite/reactions-70-30-11-2019