Figure de la société civile :

Osman Kavala, est un homme d'affaires devenu mécène, âgé de 64 ans, né en 1957 dans une des familles les plus aisées du pays, il étudie l'économie à Manchester, en Grande-Bretagne, où il manifeste contre la politique néolibérale et conservatrice de Margaret Thatcher, alors en plein affrontement avec l'IRA. Il continue sa formation à New York, où il passe deux ans à la New School for Social Research. Il rentre ensuite en Turquie et prend la tête de la société familiale en 1982, après le décès de son père. Il crée alors Iletisim, une maison d'édition mettant en avant des textes sur la démocratie en Turquie.

Osman Kavala et ses actions politiques:

En 1986, selon Ariane Bonzon dans Slate, il accueille les premiers militants écologistes de Turquie dans un de ses immeubles. Il est ciblé pour avoir potentiellement soutenu en 2013 les manifestations antigouvernementales connues comme le mouvement de Gezi, visant Recep Tayyip Erdogan, qui était alors Premier ministre. Osman Kavala avait été arrêté puis placé en détention le 18 octobre 2017. En 2002, crée une fondation, Anadolu Kultur, qui promouvoit le dialogue avec les Kurdes et les Arméniens à travers l'art et la culture. Il participe ainsi en 2010 à la première commémoration – non officielle – du génocide arménien organisée par la Turquie. La même année, il coproduit "Chienne d'histoire", un film d'animation de Serge Avédikian. L'entrepreneur turc, surnommé le "milliardaire rouge" pour son engagement politique de gauche, est incarcéré depuis le 18 octobre 2017. Le président Erdogan l'accuse alors publiquement dans deux discours de "financer le terrorisme" et de "représenter en Turquie" le milliardaire américain George Soros, figure de la philanthropie internationale et bête noire de plusieurs dirigeants autoritaires dans le monde.


Multiples condamnations sur la scène internationale.

Le Conseil de l'Europe engage des actions contre la Turquie:le conseil engage une procédure pouvant conduire à sanctionner Ankara, deux ans après un arrêt de la CEDH qui exigeait la "libération immédiate" de l'opposant Osman Kavala. Le Comité a une nouvelle fois appelé les autorités turques à assurer la "libération immédiate" d'Osman Kavala et à "veiller à la clôture de la procédure pénale à son encontre". Mais, il a adressé "une mise en demeure" à la Turquie, pouvant aboutir à des sanctions. Sans réaction de la Turquie à la "mise en demeure" du Comité de ministres, celui-ci devrait dans un premier temps saisir, en février 2022, la CEDH. Il reviendra alors à la Cour de constater officiellement que la Turquie n'a pas libéré Osman Kavala et ne s'est donc pas conformée à l'obligation de respecter son arrêt de décembre 2019, qui estimait que la détention de l'opposant n'avait d'autre objectif que de le "réduire au silence". Puis, lors d'une nouvelle réunion, le Comité des ministres pourrait finalement prononcer des sanctions.


Affaire Kavala, révélatrice de tension

En octobre, dix ambassadeurs occidentaux, dont ceux des États-Unis, de la France et de l'Allemagne, ont été menacés d'expulsion par Erdogan pour avoir réclamé la libération du mécène turc. Le président turc s'était finalement ravisé in extremis et n'avait pas procédé aux expulsions. Au-delà du cas d'Osman Kavala, la Turquie a fait l'objet d'innombrables condamnations par la CEDH ces dernières années, notamment pour les purges menées après la tentative de coup d'État militaire de juillet 2016 Dans une autre affaire, le Conseil de l'Europe a réclamé vendredi à la Turquie "la libération immédiate" de Selahattin Demirtas, chef de file du principal parti prokurde d'opposition, mais sans engager de procédure pouvant aboutir à des sanctions. En décembre 2020, la CEDH avait ordonné sa libération, estimant que sa détention avait "pour but inavoué d'étouffer le pluralisme et de restreindre la liberté du débat politique".

Détenu depuis quatre ans sans procès, l'homme d'affaires turc Osman Kavala restera en détention jusqu'à une prochaine audience, le 17 janvier, a décidé vendredi un tribunal d'Istanbul.

sources: https://www.france24.com/fr/europe/20211203-bras-de-fer-engag%C3%A9-entre-ankara-et-le-conseil-de-l-europe-sur-la-d%C3%A9tention-d-osman-kavala

https://lepetitjournal.com/istanbul/actualites/comprendre-affaire-osman-kavala-dossier-qui-fragilise-les-relations-turquie-europe-323088