L’une des principales missions de la Banque Centrale Européenne (BCE) est de superviser, soutenir mais également limiter l’inflation des prix dans la zone Euro. Elle a en effet pour stratégie de s’assurer que celle-ci ne dépasse pas les 2% à moyen et long termes, sans toutefois être trop inférieure à ce seuil. Malgré une tendance bien établie chez les pays membres à ne pas atteindre cet objectif, la situation est plus préoccupante que de coutume. La Lituanie, par exemple, présente un taux d’inflation de 9,3% sur l’année qui ne manque d’interpeller, tandis que ce chiffre se porte à 3,4% en France, et dans l’eurozone à 4,9%, ce qui constitue un record absolu depuis la mise en circulation de l’euro en 2002.
__La crise sanitaire nourrit une éventuelle crise économique __
Les mesures sanitaires, et en particulier les confinements, ont très largement affecté les habitudes de consommation de la population. Le commerce en ligne a de fait connu un essor majeur, ce qui profite aux structures comme Amazon ou AliExpress, mais au détriment des commerces , basés sur le territoire. Ceux-ci ont par conséquent été contraints d’augmenter leurs prix pour limiter les pertes, créant un déséquilibre conséquent entre l’offre et la demande. La régularisation sanitaire relative a permis de calmer ces soubresauts, mais le manque à gagner est certain pour les commerces, et une partie de la transition vers le commerce par internet est structurelle, c'est-à-dire à long terme. Ouest-France note par exemple une augmentation de 26% de l’huile d’olive en Espagne, ce qui touche particulièrement le pouvoir d’achat des classes sociales les plus pauvres.
Partout dans le monde, la pandémie de covid-19 a fait exploser les prix de consommation du gaz, de l’électricité et du pétrole, trois pôles très importants dans le budget des ménages. Le coup porté au pouvoir d’achat moyen de la population est fort, et entrave largement croissance la croissance économique, elle-même directement corrélée aux recettes des Etats.
__La BCE défend une stratégie optimiste __
Alors que le variant omicron, particulièrement transmissible, s’étend en Europe, et pourrait mener à de nouvelles mesures sanitaires strictes, la Banque centrale, qui misait jusque là sur le caractère temporaire de cette inflation, pensée conjoncturelle, s’est réunie le 16 décembre pour mettre au point une nouvelle stratégie. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a défendu en conférence de presse une vision optimiste du futur à court et moyen terme. A la différence notamment de la Banque centrale américaine, qui met en place un politique renforcée de lutte contre l’inflation, les instances européennes amorcent en effet une sortie du programme d’urgence.
La fermeture de nombreux commerces, comme les bars et les restaurants, pourrait mener à des perturbations sur les chaînes européennes d’approvisionnement, et accentuer ainsi l’inflation mais l’autorité monétaire de l’Union européenne table sur une régularisation dans l’année, et compte bien présenter un programme d’achats “classique” dès mars 2022. Reste à voir si l’urgence sanitaire va s’arranger dans un futur propre, et dans quelle mesure elle a modifié les habitudes de consommation des populations européennes.
Bibliographie :
De Calignon, G. L'inflation à 3 % en zone euro, au plus haut depuis 10 ans. Les Echos. 31/08/2021.
Inflation : la Banque Centrale Européenne prête à changer de cap…. La Tribune. 09/01/2022.
Pourquoi la stabilité des prix est-elle importante ? BCE. Note explicative. Chamoulaud, R. Economie : l'inflation dans la zone euro atteint des records. Touteleurope. 01/12.2021.
Chaperon, P. Le retour de l’inflation. L’envol des prix en Espagne fait gronder le pays. Ouest-France. 01/12/2021.
AFP. La BCE fait un premier pas vers la sortie de son mode de crise. L’express. 16/12/2021.