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Mentionner à deux reprises les 21 et 27 octobre 2022 par le Président du Conseil européen Charles Michel pour montrer la détermination de l’UE à développer et renforcer ses liens avec l’Afrique et l’Asie. Cet outil pourrait devenir un des instruments permettant à l’Union Européenne de s’affirmer dans le jeu de la géopolitique mondiale. Mais en quoi consiste-t-il ? Et quelle est sa place dans la politique étrangère de l’UE ?

Un nouvel outils à l'ambition globale

L’objectif de Global Gateway est d’utiliser 300 milliards d’euros d’investissements entre 2021 et 2027 dans 4 principaux domaines :

  • Le numérique
  • Le climat et l’énergie
  • Les transports
  • La santé
  • L’éducation et la recherche

La particularité de cette stratégie est de réaliser et développer des investissements durables autour de 6 principes :

  • Des valeurs démocratiques et des normes élevées
  • Une bonne gouvernance et de la transparence
  • Des partenariats égaux
  • Des investissements verts et propres
  • Des projets qui puissent être résilient à différent types de menaces (aussi bien naturel que cyber)
  • Catalyser les investissements du secteur privé

Le financement de cette stratégie se fera avec l’investissement du Fonds européen pour le développement durable (FEDD+) à hauteur de 135 milliards d’euros, celui du budget européen pour 18 milliards d’euros et d’autres institutions financières européennes qui pourraient s’élever jusqu’à 145 milliards d’euros. Une autre partie viendra également des investissements provenant du secteur privé.

Une alternative à la "Nouvelle route de la soie"

La force et le potentiel de ce programme d’investissement pour le développement de pays du monde entier est de se positionner en tant qu’alternatif à la « Nouvelle route de la soie » de la Chine (Belt and Road Initiative). Les propos de la Présidente de la Commission européenne, Ursula Van Der Layen, montrent une volonté de donner un rôle majeur à l’UE dans le développement d’infrastructures dans le monde : « Nous voulons positionner l’Europe dans un environnement compétitif international » disait elle lors de la première réunion du comité Global Gateway le 11 décembre 2022.

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  Sources : geoconfluences.ens-lyon.fr

En effet, c’est en 2017 que la Chine a présenté son « plus grand projet d’investissement en infrastructure de la planète ». Cette dernière projette de créer une ceinture permettant de relier la Chine au reste de l’Asie, à l’Afrique et à l’Europe, par des voies ferrées, maritimes et routières, ainsi que des gazoducs et des oléoducs. Ce programme englobe également le financement de projets visant au développement des partenaires de la Chine dans la construction de ses infrastructures. Cependant, cette nouvelle route de la soie est principalement vue par les Occidentaux comme « un outil d’influence de la Chine sur les pays pauvres ». De plus, ces projets sont financés sous la forme de prêts, amenant avec eux la possibilité d’une « prochaine crise de la dette des pays du Sud découl(ant) des prêts internationaux chinois », exprimait le Chancelier allemand, Olaf Scholz, lors du 102ème Katholikentag ou le Congrès catholique allemand du 27 mai 2022. Ajoutant à cela les différentes critiques sur les « appels d’offres non transparents, (les soupçons de) pratiques de corruption et (la dénonciation sur) le non-respect des droits humains, sociaux et environnementaux », l’UE veut se positionner étant un investisseur sérieux et crédible dans le développement de ces régions plus pauvres, notamment avec la présence de ces 6 principes. Qui plus est, Global Gateway aura un champ d’action plus vaste en réalisant « des investissements clés dans tous les secteurs identifiés en Afrique, en Amérique latine, dans les Caraïbes et dans le Pacifiques » en plus du voisinage de l’UE.

Ce n'est que le début, mais il y a encore des difficultés à passer

Cet instrument peut devenir un élément important de la politique étrangère de l’UE, mais il doit faire face à quelques difficultés : Global Gateway ne porte pas encore de projet d’infrastructure important pour l’instant, ce qui le rend notamment moins visible, contrairement à son concurrent chinois. Et si nous pouvons critiquer l’approche de la Chine dans l’utilisation de son projet pour étendre son influence, est-ce que Global Gateway n’est-il pas également un moyen de renforcer l’influence de l’UE dans ces pays qui se sont de plus en plus tourner vers la Chine ?

  Sources :