Si la situation géopolitique actuelle est compliquée, les positions adoptées par la Chine n’aident pas l’Union européenne à imaginer une évolution positive de la diplomatie et de l’économie mondiale. Le sommet UE-Chine à Pékin début décembre fut l’opportunité pour la présidente de l’exécutif européen, et de son vice-président, d’adresser leurs inquiétudes quant à la conduite des affaires du gouvernement de la république populaire. Et pourtant, la presse Française, Anglaise ou Allemande titre cette rencontre comme une tentative de réconcilier des points de vue irréconciliables.

"Nous irons en Chine de bonne foi. Nous n'hésiterons jamais à exprimer nos inquiétudes.". Mme Von Der Leyen s’est rendue au sommet avec l’intention d’être transparente. Ont été abordé, entre autres, les subventions publiques qui inondent l’industrie des voitures électriques à batterie, la relation du président Xi Jinping avec le Kremlin, et le comportement du gouvernement Chinois à l’égard de Taiwan.

L’interdépendance des économies et l’impact sur l’UE de superpuissance telle que la Chine ne permet plus à chaque gouvernement de mener ses politiques sans considérer l’influence qu’elles peuvent avoir sur ses voisins. En l’occurrence, la surcapacité de l’industrie des voitures électriques alimenté par les subventions publiques, risque de s’exporter sur le marché européen. Cette tendance, cumulée à un ralentissement de l’économie chinoise et une demande domestique en baisse, justifie grandement le déplacement de Mme Von Der Leyen, qui réalise cette visite diplomatique au nom de l’UE pour la première fois en quatre ans. La Commission, même si le dialogue est privilégié, prend des mesures préventives en publiant un avis d’ouverture d’enquête antisubventions de l’UE, afin d’éventuellement imposer des droits de douane aux importations chinoises pour compenser les subventions d’Etats.

Le soutien tacite du gouvernement chinois à la Russie, par l’absence de condamnation publique du crime d’agression russe, est une nouvelle raison d’inquiéter les gouvernements européens. La présidente de la Commission souhaite de leur partenaire économique un investissement « aussi limité que possible », en ajoutant que « la façon dont la Chine se positionne à l'égard de la Russie définira notre relation mutuelle dans les années à venir ». Pour le moment, la position chinoise reste assez claire, même si elle n’est pas entièrement assumée par son chef d’Etat, qui a salué la « profonde amitié » qu’il entretien avec Vladimir Poutine lors de sa dernière visite à Moscow. Cette partialité c’est traduit par une aide humanitaire accordée par la Chine qui fait pâle figure en comparaison à celle accordée par l’UE : 720 000 euros contre 85 milliards.

A l’ordre du jour, les revendications chinoise sur Taiwan, territoire séparé et autonome depuis 1949. Les tensions récentes autour de l’île préoccupent les gouvernements européens qui rappellent à leur homologue chinois qu’ils s’opposent à un changement du statu quo à Taiwan. « La Chine est le plus important partenaire commercial de l’UE », et pourtant, les deux gouvernements semblent avoir des intérêts antinomiques. Il y a une diplomatie de vitrine au moment de sommets importants, et derrière les rideaux, une volonté d’être de moins dépendant l’un de l’autre, de construire une économie le plus possible hermétique au débordement voisin. Ce phénomène de « de-risquage » (francisation du terme « de-risk »), on a pu le retrouver sur l’approvisionnement de l’UE en matière première critique, dont l’importation provient de pays tiers quasi-monopolistiques, principalement la Chine.

« China says summit with EU leaders to discuss global economic issues | Reuters ». Consulté le 7 décembre 2023. https://www.reuters.com/world/china-says-summit-with-eu-leaders-discuss-global-economic-issues-2023-12-04/.

euronews. « L’UE avertit la Chine qu’elle ne tolérera pas la concurrence déloyale », 8 décembre 2023. https://fr.euronews.com/my-europe/2023/12/07/lue-avertit-la-chine-quelle-ne-tolerera-pas-la-concurrence-deloyale-lors-dun-sommet-aux-en.

France-Presse, Agence. « « Déséquilibres et différends » entre Chine et UE: von der Leyen « satisfaite » des entretiens avec Xi ». Mediapart, 7 décembre 2023. https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/071223/desequilibres-et-differends-entre-chine-et-ue-von-der-leyen-satisfaite-des-entretiens-avec-xi.

https://www.humanite.fr. « La Chine, un créancier qui dérange l’Union européenne - L’Humanité ». 7 janvier 2024. https://www.humanite.fr/monde/charles-michel/la-chine-un-creancier-qui-derange-lunion-europeenne.

« L’Union européenne veut traiter «les déséquilibres et différences» avec la Chine, selon von der Leyen ». 7 janvier 2023. https://www.lefigaro.fr/conjoncture/l-union-europeenne-veut-traiter-les-desequilibres-et-differences-avec-la-chine-selon-von-der-leyen-20231207.

POLITICO. « China’s EV Overcapacity Will Get Worse, von Der Leyen Warns », 16 novembre 2023. https://www.politico.eu/article/china-ev-overcapacity-will-get-worse-eu-commission-von-der-leyen-warns/.

« Sommet Chine-UE : des points de vue irréconciliables entre Pékin et Bruxelles ? – L’Express ». Consulté le 7 janvier 2023. https://www.lexpress.fr/monde/asie/sommet-chine-ue-des-points-de-vue-irreconciliables-entre-pekin-et-bruxelles-WL7AUSJDOFD4LDUE66JT4ERVGQ/.