Union Européenne: Le bras de fer entre le Secrétariat Européen aux Affaires Extérieures et la Commission Européenne
Si l’Union Européenne semble souffrir essentiellement d’une situation géopolitique – et plus généralement mondiale – instable, dans la bulle européenne se révèle de plus en plus de nouvelles souffrances et failles, notamment au sein des institutions européennes. La situation politique (guerre en Ukraine, situation instable au Moyen Orient), économique (politiques d’austérités de Trump) et militaire met à rude épreuve l’Union et nécessiterait une politique unifiée et un alignement clair sur les priorités européennes ; pourtant les bras de fer entre institutions se multiplient et empêchent une coopération stable.
Budget 2028-2034 : quelles nouvelles priorités ?
En plein dans les vagues des discussions concernant le plan pluriannuel 2028-2034 et à la lumière des difficultés connues aujourd’hui par le secrétariat européen des affaires extérieures (SEAE), Kaja Kallas - anciennement première ministre estonienne et haute représentante de puis 2024 - semble tout faire pour trouver des fonds afin de redresser le SEAE. Il est clair que dans un contexte géopolitique comme le nôtre - et au vu des problèmes dont elle a hérité – la défense semble être devenue une des priorités essentielles de l’Union (et ce pour des raisons valables). Pourtant les fonds alloués à ce secteur ne semblent pas être investis dans l’institution de Kaja Kallas mais plutôt dans de nouveaux mécanismes.
La défense dans le viseur de l’Union Européenne
La révision de l’actuel plan pluriannuel manifeste déjà la volonté de l’Union de renforcer son action dans les secteurs de l’industrie et de défense, avec l’ajout de 64,6 millions d’euros au plan actuel dédiés essentiellement à la solidarité Ukrainienne mais aussi au contrôle des frontières et à la défense européenne. Un nouvel outil appelé “strategic technologies for Europe platform” (STEP) avait également été ajouté dans l’objectif de soutenir le développement de nouvelles technologies et l’innovation en Europe.
Les états membres ainsi que la commission européenne semblent être sur une longueur d’onde différente que celle de la Haute Représentante
Les responsables du SEAE se voient comme des « grands stratèges » selon Euractiv tandis que les états membres perçoivent ce service davantage comme un outil technique. Kaja Kallas semble de plus en plus reprocher les failles du SEAE à la politique de la commission européenne. Elle a notamment affirmé que le SEAE ne dispose pas "des outils nécessaires en matière de financement
" soulignant par la suite que les stratégies politiques du SEAE se retrouvent rapidement détournées vers d’autres domaines et organismes mieux dotés de la commission européenne. "On ne peut pas attendre de nous que nous maintenions le rôle de l'Europe dans le monde avec des ressources réelles en baisse
", avait-elle affirmé. Le SEAE est perçu comme une institution lourde avec peu de poids, et rien ne semble annoncer une réelle restructuration financière.
Le bras de fer Von Der Leyen-Kallas
Ursula von Der Leyen, dont la politique manifeste clairement une volonté de s’imposer à l’échelle mondiale, est au bras de fer avec la haute représentante depuis quelques semaines déjà. D’abord concernant le départ de Simon Mordue, anciennement secrétaire général du SEAE, vers le cabinet de la présidente de la commission, faisant perdre à la haute représentante un collaborateur expérimenté. Cela se poursuit aujourd’hui avec le possible retour de Martin Seylmar, directeur de cabinet de Jean Claude Junker alors surnommé "monstre du Berlaymont
", et la bataille diplomatique entre les deux représentantes européennes.
Et maintenant ?
Lundi Kaja Kallas s’est opposée à la volonté de la présidente de la commission de créer une cellule de renseignement à la commission de peur de perdre davantage de pouvoir, mais peu de chances qu’elle puisse réellement l’en empêcher. Mais aujourd’hui la présidente de la commission reste la figure centrale de la représentation extérieure de l'UE au détriment de Kaja Kallas semblant isolée et perdant de plus en plus de prérogatives. Reste à savoir si la haute représentante arrivera à revaloriser son poste face à la commission et sa présidente.