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Alors que la COP 30 s’est ouverte ce lundi 10 novembre, les projecteurs se braquent une fois de plus sur les engagements de réduction des émissions, les trajectoires carbone et la transition énergétique. Mais derrière ces débats techniques se joue une réalité humaine : les migrations provoquées par le changement climatique. Sécheresses extrêmes, montée des eaux, désertification, cyclones… partout dans le monde, le climat détruit des vies et pousse des populations entières à l’exil. Et l’Europe, souvent perçue comme un refuge, se retrouve en première ligne.

Un phénomène mondial… qui frappe déjà aux portes de l’Europe

On parle souvent des migrants climatiques en évoquant le Pacifique ou l’Afrique subsaharienne. Pourtant, l’impact se fait sentir jusque sur le continent européen. En 2023, la Grèce a été ravagée par les incendies les plus vastes jamais enregistrés sur le continent. En Italie, des pluies torrentielles ont provoqué des déplacements massifs internes. En 2024, en Espagne nous pouvons nous rappeler des inondations à Valence.

Un vide juridique : qui protège les migrants climatiques en Europe ?

C’est l’un des paradoxes les plus frappants : le droit international ne reconnaît pas les migrants climatiques. Ils ne sont ni “réfugiés” au sens de la Convention de Genève de 1951, ni protégés par un statut européen spécifique. Donc, une personne fuyant la montée des eaux n’a pas automatiquement droit à l’asile, un agriculteur chassé par la sécheresse peut être considéré comme “migrant économique” ou encore une famille victime d’un cyclone n’entre pas dans les catégories juridiques de protection. Cette absence de cadre laisse les États européens désarmés et crée une zone grise où l’humanité de chacun se heurte aux limites du droit.

L’Europe entre ambitions climatiques et zones d’ombre

L’Union européenne aime se présenter comme un leader climatique et sur certains aspects, elle l’est. Mais la question des migrations climatiques reste un angle mort : Le Pacte vert européen parle de transition mais pas de protection et le Pacte sur la migration et l’asile ne reconnaît pas l’exil climatique.

Un enjeu humanitaire, mais aussi stratégique

Au-delà de l’aspect moral, les migrations climatiques sont un enjeu géopolitique majeur. Dans un monde où le climat redessine les frontières habitables, les réseaux agricoles, les voies maritimes, l’Europe doit choisir : subir les déplacements humains dans une logique de crise permanente ou anticiper et intégrer ces migrations dans un cadre stable et sécurisé. Par exemple, des chercheurs plaident déjà pour un visa humanitaire climatique, ou pour l’intégration des facteurs environnementaux dans la définition du réfugié.

La COP 30, un moment décisif

Si les COP sont souvent critiquées pour leur lenteur, elles jouent un rôle crucial : elles rendent visible l’invisible. Cette année, les regards se tournent vers les conséquences humaines du dérèglement climatique. Plusieurs pays du Sud réclament que les migrations soient enfin intégrées dans le langage des négociations. L’Europe, de son côté, est attendue au tournant : défendra-t-elle une vision solidaire et proactive ou continuera-t-elle d’ignorer la dimension humaine du changement climatique ?

Bibliographie

European Parliamentary Research Service (2023). Climate migrants: Protecting people displaced by climate change https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/BRIE/2021/698753/EPRS_BRI(2021)698753_EN.pdf

Piguet, Etienne, Raoul Kaenzig, and Jérémie Guélat. “The Uneven Geography of Research on ‘Environmental Migration.’” Population and Environment 39, no. 4 (2018): 357–83. http://www.jstor.org/stable/45180134.

Sgro, A. (2023). Towards Recognition of Environmental Refugees by the European Union. Terra-HN, n°10

Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères – Diplomatie.gouv.fr. COP30 climat : un nouveau cap pour l’action climatique mondiale. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/climat-et-environnement/la-lutte-contre-les-changements-climatiques/cop30-climat-un-nouveau-cap-pour-l-action-climatique-mondiale/