La scène s’est déroulée ce mercredi 24 Novembre au Parlement européen. Un député européen britannique, Godfrey Blum, a lancé le slogan nazi : «Ein Volk, ein Reich, ein Führer » au milieu du discours d’un de ses homologues allemand, Martin Schulz, président du groupe socialiste, alors qu’il critiquait la position britannique au moment où l’Union européenne devrait être unie comme jamais.
Godfrey Blum appartient au parti politique UKIP ( United Kingdom Independence Party) qui réclame, principalement, le retrait de la Grande Bretagne de l’UE. Tout de suite après cette intervention, le Président du Parlement, alors à la tribune, a exigé du député qu’il s’excuse. Mais ayant refusé de le faire, et ajoutant même que Martin Schulz était un «fasciste non démocratique», Blum a été exclu de l’hémicycle par M. Buzek.
L’incident ne s’est cependant pas arrêté là. L’eurodéputé, de retour dans le Parlement au moment des votes, a de nouveau été prié de s’excuser. Ce à quoi il a répondu : «je n’ai aucune intention de m’excuser, faites moi sortir de force si vous le voulez» avant que des huissiers ne le conduisent dehors. Il a été suivi par le Président du UKIP, Nigel Farage, ainsi que par vingt autres députés d’extrême droite, en signe de solidarité. En effet, pour les membres des partis d’extrême droite, ce renvoi bafoue la liberté d’expression au sein du Parlement européen et porte atteinte à la démocratie. Pour d’autres, ce n’est que le symbole des limites que ne doivent pas dépasser les députés lors des débats européens. M. Buzek a ainsi rappelé que les députés avaient le droit de discuter et d’exprimer leurs opinions, mais sans gêner les autres membres.
Les autres partis politiques du Parlement ont unanimement condamné cette réflexion dans un communiqué, en déclarant : «jamais nous n’accepterons que, d’aucune façon, des députés européens injurient leurs collègues, d’une façon qui rappelle les pires heures de notre histoire». Ils souhaitent, de plus, que M. Blum soit sanctionné «de la façon la plus sévère». Mais les sanctions pour ce genre de dérapage sont rares et plutôt légères. En février 2010,déjà, Nigel Farage avait comparé le président du Conseil de l’Union européenne, Herman Van Rompuy, à une «serpillère issue d’un non-pays». Sa sanction : une suspension d’indemnités pour 10 jours. Pas de quoi dissuader ou adoucir les esprits.
Ce genre d’intervention et le peu de sanctions qui s’ensuivent servent le parti. En effet, cela fait parler d’eux et les place en position de victime. Ce sont eux qui ont été exclus du Parlement, ce sont eux dont les propos ont été restreints. Les chefs de file des partis nationaux d’extrême droite peuvent alors se servir de ce genre d’évènement pour critiquer l’Union européenne et plaider encore plus pour un nationalisme exacerbé.
Ce débat en ouvre un autre. Tous les partis politiques ont-ils le droit d’exister? Les limiter serait-il un pas de plus vers la démocratie, ou au contraire une atteinte à la liberté de penser?
Elisa Coz, Pierrick Roberge
Sources:
http://fr.myeurop.info/2010/11/25/les-slogans-nazis-volent-bas-au-parlement-europeen-743
http://www.lepoint.fr/monde/un-slogan-nazi-entendu-dans-l-hemicycle-du-parlement-europeen-de-strasbourg-24-11-2010-1266397_24.php
http://etoile.touteleurope.eu/index.php/post/2010/11/25/Incident-au-Parlement:-les-deputes-du-Ukip-prets-a-utiliser-la-democratie-europeenne-contre-elle#suite (Vidéo de l'incident)