Loin des clichés, la mafia ne touche pas que l’Italie. Elle touche l’Union européenne dans son ensemble. En effet, comme pour les flux de marchandises, la criminalité organisée ne connait pas de frontière.
En septembre 2011, l’eurodéputée italienne libérale, Sonia Alfano, rendait un rapport détaillé sur les répercussions, à l’échelle européenne, de la criminalité organisée. Un compte-rendu auquel de nombreux experts ont participé, magistrats anti-mafia, forces de police ainsi que d’autres eurodéputés italiens. Ces phénomènes de criminalités organisés représentent une des plus grandes menaces pour la sécurité et la liberté des citoyens dans l’Union européenne. Ainsi, le 25 octobre 2011, pour la première fois, une résolution, traitant des problèmes liés aux mafias de manière explicite, est votée. Ce qui semblait utopiste il y a quelques années, vient d’être adopté à la quasi majorité : la création d’une commission parlementaire anti-mafia. Elle aura pour objectifs de doter les vingt-sept pays de l’Union européenne d’une structure capable de coordonner la répression des crimes organisés transnationaux. Les nouvelles mesures résident dans une coopération étroite entre les magistrats des différents Etats membres, ainsi que dans la mise en place de recommandations telles que : la confiscation du patrimoine des criminels, la protection des témoins de justice, l’interdiction pour les anciens détenus mafieux de se présenter à des élections. Cette commission parlementaire spécialisée, collaborera et aidera l’action des autres institutions européennes dans la lutte contre les crimes organisés. L’objectif est d’aboutir à une directive en 2012.
Cette résolution marque une position quasi unanime du Parlement européen en ce qui concerne les problèmes liés aux mafias. En effet, parmi les 738 eurodéputés, 584 ont voté en faveur de la résolution, 48 se sont abstenus et enfin, seulement 6 ont voté contre. Chez les contestataires, on retrouve Pino Arlacchi eurodéputé italien du parti des Sociaux-Démocrates. Un expert dans le domaine de la criminalité organisée puisqu’il a travaillé au sein de la commission anti-mafia des Nations Unies. Il est aussi connu pour son implication dans la convention de Palerme de décembre 2000, le premier Traité mondial contre les mafias. Cette convention liait 147 Etats du monde entier dont les Etats membres de l’Union européenne. C’est en mentionnant cette convention internationale que Pino Arlacchi, dans une lettre officielle adressée aux autres eurodéputés, explique sa position. Il estime que les points étudiés sont les même que ceux vus lors de la convention de Palerme et invite les Etats membres, avant de créer une commission anti mafia, de revoir leur engagement dans la convention de Palerme, qui, selon lui, trouve plus de crédibilité dans la lutte anti mafia. Il semblerait que la mauvaise foi de l’eurodéputé Arlacchi ait pris le pas sur la raison. Ses collègues et compatriotes ne peuvent expliquer comment cet homme, qui a passé 13 ans de sa vie publiquement menacé par la célèbre organisation criminelle, Cosa Nostra, ne s’exprime pas en faveur d’une Union européenne unie face aux problèmes liés à la mafia.
C’est donc sans le soutien de l’eurodéputé Pino Arlacchi, un expert dans le domaine de la lutte contre la criminalité organisée, que l’Union se dotera d’un système cohérent et organisé afin de répondre d’une seule voix aux problèmes transfrontaliers liés aux mafias. Evidemment, cette commission parlementaire anti-mafia n’est qu’un petit pas pour l’Union européenne dans la lutte contre le crime organisé. Evidemment, il faudra attendre avant de constater son efficacité. Mais il semble tout aussi évident, que ce petit pas soit celui qui emboitera la longue marche d’une Union européenne démocratique aux « mains propres ».
Stephany et Amélie
Sources:
Blog de Sonia Alfano, Soniaalfano.it LeMonde.fr, « Le parlement européen entre en guerre contre la mafia » par Yves Michel Riols Euronews.net, « L’Europe veut son opération “mains propres”. » Blogactive.eu, « Mafia et parlement européen : c’est la guerre ! Il était temps … » Blog de Pino Arlacchi, Pinoarlacchi.it,