Vendredi 5 Décembre, La Haute représentante de l’Union Européenne pour la Politique étrangère et de sécurité Federica Mogherini et le Commissaire à l’intégration Johannes Hahn se sont rendu à Sarajevo afin de donner un nouvel élan à l’intégration de la Bosnie Herzégovine dans l’Union. Cette visite intervient notamment à la suite d’une liste d’annonces faites par le Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE) qui visent à encourager la Bosnie-Herzégovine à prendre les mesures nécessaires afin de rendre possible son intégration.
Depuis le conseil européen de Porto-Feira en juin 2000, la « vocation à adhérer à l'Union » de la Bosnie-Herzégovine a été actée par les représentants des Pays membre de l’Union. La Bosnie-Herzégovine a par ailleurs signé un accord de stabilisation et d'association en 2008, ce qui constitue un pas de plus vers l’intégration du Pays à l’UE. Cependant depuis quelques années, l’intégration de la Bosnie-Herzégovine a buté sur un défaut de conformité du Pays aux standards imposés par l’Union.
Parmi les raisons évoquées pour expliquer cette situation, certains observateurs pointent du doigt la complexité du système électoral : « Pour illustrer la camisole dans laquelle la communauté internationale a enfermé la Bosnie-Herzégovine (après les accords de Dayton en 1995, qui ont mis fin à la guerre) il suffit de rappeler que dans ce pays pauvre, il y a 14 gouvernements, 13 Premiers ministres et 136 ministres ! Lors des dernières élections générales, en 2000, pas moins de 8 242 candidats ont concouru pour 518 postes politiques» (1).
Dans ce contexte, le SEAE a multiplié ses interventions sur le sujet et semble appeler la Bosnie-Herzégovine à un nouveau dynamisme afin de relancer l’intégration du pays. Ainsi, à la suite des dernières élections présidentielles du 12 Octobre 2014, le SEAE a publié un communiqué mettant l’accent sur la responsabilité des dirigeants du fait de cette élection : « Les électeurs se tourneront vers ceux qui sont élus au bureau pour apporter la réconciliation indispensable dans la société et la politique, et pour relancer la dynamique positive qui permettrait à la Bosnie-Herzégovine de débloquer son potentiel réel , de combler l'écart avec le reste de la région et de réaliser des progrès vers l'UE» (2).
A la suite de la visite des deux commissaires au mois de Décembre, Mme Mogherini a prononcé un discours dont le ton se voulait encourageant : « Nous indiquerons au prochain Conseil Européen les réunions que nous avons eues aujourd'hui et l'évaluation de la volonté politique existante que nous avons trouvé pour aller de l'avant sur cette voie. Et nous aurons une discussion avec les ministres au sujet de l'engagement de l'UE dans ce processus étant donné la volonté politique que nous trouvons dans le pays, comme je le disais, tout d'abord dans sa population, mais aussi dans ses établissements et dans son leadership politique » (3).
Toujours à l’occasion de cette visite, Mme Mogherini a indiqué que le travail de l’Union avec Bosnie-Herzégovine allait se concentrer sur les dossiers sociaux et économiques, sans pour autant modifier les conditions pour l’intégration de la Bosnie (4).
L’objectif est clair et le désir de voir une nouvelle dynamique en Bosnie-Herzégovine est réel. Cependant alors que la Haute Représentante déclarait à l’issu de sa visite que celle-ci était la première d’une longue série, on peut se demander ce qui va réellement changer dans la situation du pays quand l’une des premières attentes de l’Union est la mise en place d’un processus électoral démocratique, crédible et inclusif afin que la Bosnie-Herzégovine remplisse les conditions de l’intégration dans l’Union Européenne, et qu’un tel changement implique de réviser des mesures mises en place à la suite des accords de Dayton en 1995 afin de mettre fin aux conflits ethniques dans les Balkans.