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Le 27 octobre dernier, les relations entre l’Union Européenne (UE) et le Kosovo ont franchi une étape importante: le petit pays des Balkans, indépendant depuis 2008 seulement, a signé un accord de stabilisation et d’adhésion avec l’UE. Isa Mustafa, Premier Ministre kosovare, accompagné de son ministre à l’intégration européenne Bekim Collaku, ont rencontré la Haute Représentante de l’Union pour les Affaires Etrangères, Federica Mogherini, et le commissaire à l’élargissement Johannes Hahn, dans l’enceinte du Parlement Européen à Strasbourg pour officialiser la signature. Après approbation par les députés européens, l’accord entrera en vigueur début 2016. Concrètement, il instaurera une zone de libre-échange entre les deux entités, ainsi que des réformes dans des domaines-clefs de la démocratie, comme l’Etat de droit et la bonne gouvernance.

Deux ans de négociations auront été nécessaires pour parvenir à ce résultat, en raison des dissonances entre pays européens au sujet de la reconnaissance du Kosovo : l’Espagne, Chypre, la Slovaquie, la Roumanie et la Grèce n’ont toujours pas légitimé l’existence officielle de ce nouvel Etat. Pourtant, cet accord est le signe d’un important rapprochement avec l’Union : il est vu par de nombreux experts comme une étape décisive vers une procédure d’adhésion du Kosovo à l’UE.

« Aujourd'hui, nous entrons dans une relation contractuelle avec l'UE, ce qui représente un processus très important à nos yeux »*, a ainsi commenté Isa Mustafa. Son vice Premier Ministre Hashim Thaçi a renchéri : « Personne ne peut arrêter »* le chemin du Kosovo vers l’Union Européenne. Côté européen, le ton n’est pas moins enthousiaste, mais plus prudent : « Je suis convaincue que cela va apporter beaucoup de bonnes choses au peuple du Kosovo et à l'Union européenne, ainsi qu'à la stabilité et l'intégration de la région »*, s’est ainsi exprimée Federica Mogherini. Elle s’est bien gardée de commenter la procédure d’adhésion souhaitée par le Kosovo : il est en effet officiellement assumé par l’UE qu’elle n’acceptera aucun nouveau pays en son sein avant 2020.

Cependant, il était difficile pour l’UE de ne pas récompenser les efforts déployés par les diplomaties kosovare et serbe pour atteindre un accord historique en avril 2013, conduit sous l’égide de l’ancienne Haute Représentante de l’Union, Catherine Ashton. L’accord vise notamment à la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade, qui entretiennent un contentieux depuis l’opposition de l’armée serbe à une guérilla kosovare en 1998. La Serbie continue aujourd’hui de revendiquer sa souveraineté sur le territoire du Kosovo. L’accord de 2013 doit contribuer à la stabilisation de la région, et ouvrir la voie à une intégration renforcée entre ces deux pays balkaniques et l’UE. Il a été suivi d’un nouvel accord signé en août 2015, dans le cadre d’un dialogue facilité par Federica Mogherini, dans les domaines de l’énergie et des télécommunications notamment. Cependant, de violentes manifestations ont éclaté à Pristina à la suite de sa signature, témoignant de la complexité de sa mise en place et de la réticence des peuples concernés à approuver la normalisation. Dans ce contexte, le lancement d’une procédure officielle d’adhésion du Kosovo à l’UE ne semble pas imminent.

Sources : (*) L'Express, "L'UE et le Kosovo ont signé un accord de stabilisation et d'association" http://lentreprise.lexpress.fr/actualites/1/actualites/l-ue-et-le-kosovo-ont-signe-un-accord-de-stabilisation-et-d-association_1729877.html

Service Européen pour l'Action Extérieure : "Kosovo: signature de l'accord de stabilisation et d’association avec l’Union européenne" http://eeas.europa.eu/top_stories/2015/151027_02_fr.htm

Service Européen pour l'Action Extérieure : : "Federica Mogherini met with Prime Minister Isa Mustafa of Kosovo" http://eeas.europa.eu/statements-eeas/2015/151118_02_en.htm

Le Monde : "La Serbie et le Kosovo scellent un accord « historique »" http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/08/26/la-serbie-et-le-kosovo-scellent-un-accord-historique_4736694_3214.html