Quel contexte ?
Les relations polono-russes sont assez complexes. Cette complexité résulte de différents facteurs d’origine géopolitique, historique et notamment d’origine politique. Les vécus historiques et surtout pendant la Seconde Guerre mondiale et après, la période communiste, ont laissé une empreinte particulière sur les relations entre la Russie et la Pologne. Une certaine stabilité du dialogue diplomatique s’est installée après la période postcommuniste mais un rapprochement stratégique n’a jamais été atteint. La Pologne a choisi « le chemin européen» !
Après une « blessure encore ouverte », (la catastrophe de Smolensk) l’implication de ces deux pays dans la crise ukrainienne vient ajouter un froid sur les relations diplomatiques russo-polonaises. Apres la catastrophe de Smolensk, du 10 avril 2010, les experts russes ont attribué la responsabilité de l’accident à l’équipage polonais, sans mentionner les erreurs commises par des services de l’aéroport russe. Un climat de « guerre de l’information » s’est dès lors installé entre ces deux pays. La mort de 96 personnes, parmi lesquelles le président polonais, Lech Kaczynski, des membres du gouvernement, de la Diète et du Sénat et des hauts fonctionnaires de l’Armée, représentait pour la Pologne une perte marquante. D’autant plus que cette délégation polonaise se rendait à Katyń, en Russie, afin de rendre hommage aux 22 000 officiers polonais assassinés par le NKVD, sur l’ordre de Staline, en 1940. Cette catastrophe de Smolensk fait toujours l’objet d’enjeux politiques entre la Pologne et la Russie et, elle est également devenue un obstacle sérieux aux rencontres entre ces deux gouvernements. Dans ce contexte, une fois que la crise ukrainienne a pris de l’ampleur, la Pologne a très vite montré son opposition à l’implication russe.
La crise ukrainienne : la Pologne « l’avocat de Kiev en Europe» !
La Pologne a joué un rôle essentiel dans la gestion de la crise ukrainienne. Elle a fait partie de la troïka impliquée dans la médiation entre l'ancien président, Viktor Ianoukovitch, et les manifestants pro-européens, après le refus de celui-ci de signer l'accord d'association avec l'UE. La Pologne a également soutenu le mouvement pro-européen ukrainien en 2004, lors de la « Révolution orange ». Cette position et son implication en 2013-2014 lui a apporté une certaine notoriété au niveau européen. Soutenant que la Russie est impliquée directement dans la déstabilisation de la situation en l’Ukraine, la Pologne en a profité pour demander un engagement plus ferme des Etats-Unis et de l’OTAN. En résultat, un renforcement de la présence de l’OTAN sur le territoire polonais mais aussi sur le territoire de pays baltique et de la Roumanie a été obtenu. Comme la Russie ne veut pas admettre, ni l’OTAN, ni l’Union européenne à la proximité de ses frontières, évidement que cette position polonaise a refroidi une fois de plus leurs relations.
L’implication Polonaise dans la crise ukrainienne et ce qu’il en résulte
Ce climat diplomatique déjà tendu a été touché aussi par l’embargo russe et européen et les sanctions qui ont suivies. A cela s’ajoute les cas d’expulsion de diplomates russes suivi par la réponse du Kremlin : l’expulsion des diplomates polonais, au mois de novembre 2014. Un autre scandale diplomatique vient s’ajouter au relations déjà citriques, en septembre 2015, quand l’ambassadeur russe à Varsovie, Serghei Andreiev, a été convoqué par le chef de la diplomatie polonaise, suite à ses déclarations faites sur une chaine de télévision polonaise. Serghei Andreiev a déclaré que la Pologne était «co-responsable» de la Seconde Guerre mondiale. Dans la même interview, l’ambassadeur russe affirmait que « les relations entre la Pologne et la Russie sont au plus bas niveau depuis 1945, la Pologne a bloqué les contacts politiques, culturels et humanitaires». Quelques jours plus tard l’ambassadeur russe a retiré ses propos en motivant qu’il avait été mal compris mais les effets de ce « malentendu » se sont ressentis directement.
Varsovie demande d'annuler l'Acte fondateur OTAN-Russie Et si le sujet de la crise ukrainienne semble déjà «épuisé», la Pologne demande toujours le renforcement de la présence de l’OTAN sur son territoire. Etant donnée la situation en Ukraine et ayant des frontières directes avec la Russie par l'Oblasti de Kaliningrad, la Pologne cherche à assurer sa sécurité. Dans le cadre de la 52eme Conférence Internationale de Sécurité à Munich, au mois de février 2016, le chef de la diplomatie polonaise, Witold Waszczykowski, a affirmé que l’Acte fondateur des relations entre l'OTAN et la Russie, dans sa partie consacrée à l’engagement de forces militaires dans les nouveaux pays adhérant à l’OTAN, n’est plus valable. Witold Waszczykowski a répété à d’autres occasions que la Pologne gouvernée par le parti conservateur depuis octobre 2015, souhaiterait l’annulation de cet Acte pour pouvoir installer des bases de l’OTAN sur son territoire. Les réponses de la Russie ne se sont pas faites attendre. Le ministère russe des Affaires étrangères affirme que « la volonté de la Pologne d'annuler l'Acte fondateur sur les relations entre l'OTAN et la Russie, est une provocation extrêmement dangereuse». Varsovie a réagi aussitôt en affirmant que les propos de son chef de la diplomatie avaient été mal interprétés.
Quel « vente souffle au Kremlin» ? Du côté russe, un rapprochement de la Pologne et des Etats-Unis et ses demandes à l’OTAN sont jugées comme une provocation dans le contexte du prochain sommet de l'OTAN qui aura lieu en juillet 2016, à Varsovie.
Le climat des relations polono-russes est à suivre de près pendant ce sommet !
Une « réconciliation russo-polonaise », au moins dans le contexte actuel, semble difficile…
http://www.evz.ro/diplomatul-rus-isi-retrage-acuzatiile-la-adresa-poloniei-referitoare-la-al-doilea-razboi-mondial.html http://www.realitatea.net/polonia-cere-anularea-actului-fondator-al-relatiilor-nato-rusia_1886074.html http://www.romandie.com/news/La-Russie-juge-extremement-dangereuse-la-volonte-de/652997.rom http://www.rbc.ru/politics/26/01/2015/54c62f329a794710f3ab6b52 http://www.forbes.ru/news/314073-polsha-uprostit-razmeshchenie-voisk-nato-na-svoei-territorii