Camps.jpg

« Au bord de la catastrophe », ce sont les mots employés par le commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe Dunja Mijatovic afin d’aborder la situation des migrants dans les camps sur les îles grecques. Au travers de ce discours énoncé le 31 Octobre dernier, elle tient à mettre en garde la Grèce et l’Europe face aux conditions de vies constatées dans ces différents camps. Dunja Mijatovic s’est permise d’ajouter auprès des journalistes que « la situation des migrants, y compris les demandeurs d'asile, dans les îles grecques de la mer Egée a empiré de manière dramatique au cours des 12 derniers mois ».

Elle en appelle donc à des mesures urgentes et sans précédents pour régler au plus vite ce problème. C’est au cours de ses nombreuses visites sur les camps des îles comme Lesbos et Samos, considérées par les personnes souhaitant rejoindre l’Europe comme des lieux de passages, que Dunja Mijatovic a affirmé qu’elle était « choquée des conditions d'hygiène horribles » dans lesquelles vivent plus de 34000 personnes pour une capacité réelle de 6300 personnes. Elle souligne le « manque flagrant des soins médicaux appropriés dans ces camps largement surchargés » en indiquant que « les gens attendent des heures pour avoir de la nourriture et aller aux toilettes, là où il y en a ».

2019 signes le retour de la Grèce dans la liste des principales portes d’entrée pour les demandeurs d’asile en Europe, cela n’était pas arrivé depuis 2016. Le gouvernement de droite de Kyriakos Mitsotakis a donc été mis en place dans un contexte migratoire tendu, un gouvernement qui souhaite renforcer le contrôle frontalier et durcir les règles sur l’octroi d’asile.

La réponse du gouvernement grecque à la mise en garde du conseil de l’Europe ne s’est pas fait attendre. C’est dans la nuit du 31 Octobre au 1er Novembre qu’a été adoptée une nouvelle loi concernant les droits d’asiles, cette adoption dont se félicite Kyriakos Mitsotakis en indiquant « Elle envoie un message clair : ceux qui savent qu’ils ne méritent pas d’obtenir l’asile, mais qui essaient d’entrer et de rester dans notre pays, ne seront plus tolérés ». En lien avec l’accord conclu en 2016 avec l’UE, le principal objectif serait de remettre en route un renvoi de migrants plus intense vers la Turquie, ou en direction de leur pays d’origine.

Cette nouvelle loi permettrait donc à la Grèce d’accélérer et de durcir les procédures pour les demandes d’asile en limitant fortement les recours en appel et en resserrant les critères de vulnérabilité. Mais en parallèle, de nombreux acteurs grecques et internationaux se sont inquiétés de celle-ci, en effet, nombreuses sont les ONG grecques et internationales ayant indiqué que ce nouveau texte était un retour en arrière pour le pays au niveau des droits humains. Dunja Mijatovic, également au courant de ce nouveau projet de loi, avait indiqué qu’il était compromettant pour les droits des migrants et des réfugiés et que le risque d’une évaluation superficielle des demandes d’asile risquait de se présenter. Le premier ministre maintient tout de même que cette loi saura « distinguer les réfugiés des immigrés ».

Dunja Mijatovic, commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, a également tenu a rappelé à « l'Europe à assumer plus de responsabilités de manière à relocaliser ceux qui se trouvent en Grèce dans d'autres pays membres afin que le pays où résident actuellement environ 100 000 migrants et réfugiés améliore ses infrastructures d'accueil ».

Sources :

https://www.bbc.com/news/world-europe-50260597

https://www.la-croix.com/Monde/Europe/Grece-durcit-regles-demande-dasile-2019-11-04-1201058303

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/grece-le-parlement-adopte-une-loi-controversee-sur-les-demandeurs-d-asile-20191101

https://francais.rt.com/international/67452-conseil-europe-juge-situation-migrants-iles-grecques-explosive

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/camps-de-migrants-en-grece-le-conseil-de-l-europe-denonce-une-situation-explosive_2105435.html