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Des zones « libres de l'idéologie LGBT »
Depuis la publication d'une charte pro-LGBT en 2018 par la mairie de Varsovie pour justement lutter contre les discriminations sexuelles, des municipalités y ont répondu en créant des « zones libres de l'idéologie LGBT » (Lesbiennes Gay Bisexuels Transsexuels). La communauté queer y est tolérée mais les questions de genre ne sont plus abordées à l'école et aucun argent public ne finance de projets allons à l'encontre des valeurs de l’Église.
En deux ans 88 zones ont vu le jour, principalement dans le sud-est du pays, région majoritairement conservatrice et catholique.
Attention aux jeux de mots
Dernièrement c'est l'artiste et activiste LGBT Bartosz Staszewski qui s'est retrouvé accusé de diffamation suite à ses photographies où des personnes queer posent avec des pancartes à l'intitulé « zone sans-LGBT » à l'entrée desdites municipalités. Ces zones lui rétorque la nuance entre l'appellation « libres de l'idéologie » et « sans-LGBT ». Elles ne se disent pas contre les personnes LGBT mais concrètement quelle est la différence lorsque les libertés personnelles sont entravées ? Un sentiment d'insécurité se développe parmi la communauté LGBT depuis que le gouvernement conservateur prend la voie d'une politique plus restrictive envers elle [source].
Un quotidien de plus en plus difficile
Etre un pays membre de l'Union Européenne n'est-ce pas a minima le respect et la protection de nos droits fondamentaux dont celui d'être qui nous voulons ?
Pourtant, la Pologne prend un chemin conservateur depuis l'élection d'Andrzej Duda en 2015 et menace les droits et libertés des personnes LGBT. L'hebdomadaire nationaliste Gazeta Polska en était même venu à distribuer des autocollants « zones sans idéologie LGBT » avec son journal. De plus, les discriminations sexuelles sont de plus en plus décomplexées dans l'espace publique comme nous le montre ce reportage RTBF en 2019.
Mais être discriminé sur son orientation sexuelle revient à violer les droits fondamentaux européens. Or, que fait l'Union Européenne ?
Des « zones sans humanités »
Saluons tout de même les réponses du Parlement Européen et sa résolution de décembre 2019 contre les discriminations ou encore les mots forts de la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, lors de son discours sur « L’état de l'Union » en septembre dernier. Qualifiant ces espaces de « zones sans humanité », elle continue : «être soi-même n'est pas une question d'idéologie. C'est votre identité. Et nul ne pourra jamais vous la retirer ». Si les institutions européennes affichent désormais clairement leur position pro-LGBT il n'en reste pas moins que le gouvernement polonais n'est pas concrètement inquiété. Quelques-unes de ces municipalités à la politique homophobe ont perdu leurs jumelages ou des subventions européennes, mais cela reste marginal. Où sont les actes des autres pays membres ?
Les récents propos du pape François sur une possible union civile entre personnes de même sexe pourrait changer la donne. « Ce sont des enfants de Dieu » a-t-il déclaré. Pays traditionnellement catholique, la Pologne entendra-t-elle les paroles de tolérance du chef de son Église plus qu'elle n'écoute l'Union Européenne ?
Sources :
- Discours d'Ursula von der Leyen sur « L'état de l'Union », Site officiel de la Commission Européenne, 16 septembre 2020, consulté le 20/10/2020 :
https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/ov/SPEECH_20_1655
- Proposition de résolution, Site officiel du Parlement Européen, 11 décembre 2019, consulté le 23/10/2020 :
https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/B-9-2019-0234_FR.html
- « Pologne: les homosexuels, boucs émissaires de cette campagne électorale européenne ? » , RTBF, 30 avril 2019, consulté le 22/10/2020 :
- « Pologne : au cœur des "LGBT-free zones", porte ouverte aux discriminations », Euronews, 30 juillet 2020, consulté le 21/10/2020