Sa prise de parole est intervenue après que l’Union Européenne a annoncé le renforcement des sanctions à l’égard de la Biélorussie, le 15 novembre 2021. Succédant aux sanctions engagées après l'élection frauduleuse d’Alexandre Loukachenko en août 2020, cette nouvelle série de sanctions cible cette fois-ci les organisations locales accusées d’avoir créé un flux artificiel de migrants venus du Moyen Orient, aux portes de l’Union européenne. Opposante à Loukachenko lors des dernières élections présidentielles et lauréate du prix Sakharov en 2020, ce sont des mesures encore plus sévères à l’encontre du régime bélarusse que Svetlana Tikhanovskaïa est venue demander à l’hémicycle européen.
Frontière biélorusse: une nouvelle crise migratoire européenne?
Alors que la Pologne annonce la construction d’un mur à la frontière pour contrôler l’entrée des migrants sur son sol, l’Union européenne redoute une nouvelle crise migratoire comme celle survenue en 2015. L'État d’urgence est déclaré dans le pays depuis septembre dernier, empêchant les journalistes et les Organisations internationales d’intervenir dans la région. Si l’Union n'a pour l’instant pas freiné les mesures restrictives prises par la Pologne pour stopper cette nouvelle vague, elles vont néanmoins à l’encontre de la politique de non refoulement de l’Union européenne.
Minsk / Moscou : la menace d’un rapprochement avec l’Orient
Ce que le discours de l’opposante politique bélarusse met en exergue, c’est le détachement de plus en plus marqué du gouvernement de Minsk des principes de l’Union européenne: élections falsifiées, absence de séparation des pouvoirs, fortes répressions des manifestations citoyennes et non respect des droits de l’Homme, la Biélorussie flirt ces dernières années avec son voisin russe.
Et ce rapprochement est tout sauf une bonne nouvelle pour l’Union européenne: accusée d’être à l’origine de cette vague d’immigration venant du Moyen-Orient, la Russie n’a cessé depuis une dizaine d’années de défier les valeurs de l’Union. Et la menace est d’autant plus grande que cette nouvelle crise migratoire intervient alors que l’Union européenne est plus que divisée (Brexit, crise polonaise) et que la rumeur d’un déploiement militaire russe à la frontière ukrainienne laisse craindre à une nouvelle agression.
Gel des avoirs et interdiction d’entrée dans l’UE pour 166 personnes dont le président biélorusse lui-même, l’Union devra néanmoins prendre certaines précautions pour ne pas complètement stopper les relations avec le pays. Car malgré plus de trois milles migrants bloqués à la frontière, et une situation qualifiée de grave crise humanitaire par les rares ONG présentes sur place, Alexandre Loukachenko a annoncé ne pas intervenir tant que ces sanctions ne seraient pas levées.
Sources
https://fr.euronews.com/2021/11/24/la-cheffe-de-l-opposition-belarusse-demande-a-l-ue-plus-de-fermete-contre-minsk
https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20211118IPR17628/tsikhanouskaya-l-ue-doit-faire-face-a-l-autocratie-de-facon-plus-proactive
https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/eu-affairs/20211118STO17610/la-leader-des-forces-democratiques-belarusses-s-exprime-face-aux-deputes
https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/eastern-partnership/belarus/
https://theconversation.com/crise-migratoire-entre-la-bielorussie-et-lue-tragique-geopolitique-171885