Le CPT accusé d’avoir menacé des agents de police

La décision qu’a prise le comité de dévoiler ce rapport fait suite à la divulgation par les médias d’une lettre de la secrétaire d’Etat croate aux Affaires européennes, Terezija Gras, qui accusait le CPT d’avoir menacé des agents de police, volé des documents confidentiels, et rentré sans autorisations dans des locaux pendant leur visite.

Les faits remontent en août 2020 lorsque la CPT décide d’effectuer une visite en Croatie pour évaluer les conditions de vie des migrants. Avant cela, de nombreuses ONG avaient recueillis des témoignages de brutalité commise envers les migrants par les forces de l’ordre. Ces témoignages concordent avec celle de la CPT qui déclare dans son rapport que les migrants subissaient des « des gifles, des coups de pied, des coups de matraque et d’autres objets durs ».

Un constat accablant pour la Croatie

Le comité a fait part que « dans un nombre significatif de cas, les personnes interrogées présentaient des blessures récentes sur leur corps, qui ont été évaluées par les médecins légistes de la délégation comme étant compatibles avec leurs allégations d’avoir été maltraitées par des policiers croates ».

Des migrants ont également déclaré à des ONG qu’ils étaient forcés de marcher entièrement nus à travers la forêt jusqu’à la frontière et qu’ils étaient ensuite jetés dans une rivière.

Une visite sous « difficultés manifestes de coopération »

Le CPT a surligné que des « difficultés manifestes de coopération » ont obstrué le travail de la délégation et les autorités croates auraient également donner de mauvaises indications sur la localisation des migrants.

Cependant, les révélations du CPT contraste fortement les déclarations de la commissaire européenne des Affaires intérieurs, Ylva Johansson, qui félicitait jeudi 2 décembre 2021 l’attitude du gouvernement face aux révélations par les médias des brutalités commises par les forces de l’ordre. Elle précise notamment être « réjouis vraiment de l’attitude du gouvernement croate, qui a décidé d’ouvrir les yeux, d’enquêter et de prendre des mesures lorsque les allégations sont fondées ».

Le CPT a « outrepassé ses pouvoirs »

Une visite qui ne passe pas très bien pour le gouvernement croate qui a vivement contesté la présence du CPT sur son territoire, et déclare que le « rapport c’est basé sur des informations invérifiables de la part de le Bosnie-Herzégovine ». La Croatie a également jugé que le CPT avait « clairement outrepassé ses pouvoirs ».

Malgré ces critiques venimeuses, le ministère de l’intérieur s’engage toutefois à coopérer avec le CPT.

À noter que les visites du CPT en Croatie se déroulent régulièrement depuis 1998. Visites qui jusqu’à présent se sont déroulées dans d’excellentes conditions et n’ont fait l’objet d’aucune contestation de la part du gouvernement croate. Il reste en outre le seul pays de l’UE depuis ces dix dernières années à avoir refusé la publication de ce rapport.

Des violences « systémique et généralisées » dans l’Union européenne

Néanmoins, le cas de la Croatie ne semble pas être isolé puisque le 16 décembre 2021, sept ONG ont dénoncé des violences « systémiques et généralisées » aux frontières de l’Union européenne. Précisant également que ces pratiques de refoulement illégales se sont « normalisées » pour en devenir un « outil de gestion des frontières ».

Source :

https://www.euractiv.com/section/justice-home-affairs/news/croatia-criticized-by-the-anti-torture-committee-of-the-council-of-europe-regarding-migrants/ https://www.coe.int/en/web/cpt/-/council-of-europe-anti-torture-committee-publishes-report-on-its-2020-ad-hoc-visit-to-croatia https://www.euractiv.com/section/global-europe/news/croatia-criticized-by-the-anti-torture-committee-of-the-council-of-europe-regarding-migrants/ https://www.euractiv.com/section/justice-home-affairs/news/eu-home-affairs-chief-praises-croatias-handling-of-border-violence-scandal/ https://www.euractiv.com/section/enlargement/news/eu-can-play-dumb-as-long-as-it-wants-on-croatian-border-violence/