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« L'Union européenne regrette profondément et rejette cette décision injustifiée et unilatérale », a déclaré Josep Borrell dans un communiqué. (STEPHANIE LECOCQ/EPA)

Le président au pouvoir au Nicaragua, Daniel Ortega, a décidé de s’opposer et de s’attaquer aux Occidentaux, en particulier aux Européens, isolant toujours plus son pays sur la scène internationale. Ce dernier, en réaction à la déclaration de l'Union européenne devant le Conseil des droits de l’homme à Genève le 26 septembre dernier, a décidé d’expulser de son pays l'ambassadrice de l'Union européenne, Bettina Muscheidt, accusée « d’ingérence et de non-respect de la souveraineté nationale » selon les médias locaux. Cette déclaration de l’Union européenne demandait au gouvernement nicaraguayen de « restaurer » la démocratie, de « libérer de manière immédiate et inconditionnelle » les prisonniers politiques, et de « rendre la souveraineté du Nicaragua au peuple nicaraguayen ». Déclarée le vendredi 30 septembre dernier persona non grata, l'ambassadrice de l'Union européenne dans le pays, s'est envolée samedi pour la France, via Mexico.

En effet, cette déclaration, portée par l’Union européenne, a provoqué la colère du pouvoir en place qui, en plus d'expulser l’ambassadrice de l’Union européenne, a décidé de rompre ses relations avec les Pays-Bas. Le pouvoir nicaraguayen a ainsi décidé de rompre les relations diplomatiques avec le gouvernement des Pays-Bas, qualifié d’ «  interventionniste  », de « néocolonial  » et de « pro-impérial  », après que les Pays-Bas ont eu renoncé à financer la construction d’un hôpital après avoir adressé plusieurs avertissements au Nicaragua quant à la « détérioration de la situation » en la matière de droit de l’Homme dans le pays.

Par le biais de Josep Borrell, Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, l’Union Européenne a dénoncé ces décisions « injustifiées », qu'il regrette, puisqu’elles « conduiront à un isolement international accru du Nicaragua », a-t-il précisé dans un communiqué. De plus, il a aussi indiqué que l'Union européenne répondra de « manière ferme et proportionnée » à ces actions « hostiles » tout en restant ouvert aux négociations et au dialogue pour restaurer les relations entre le Nicaragua et l’Union européenne puisque « la crise politique actuelle au Nicaragua devrait être résolue par un véritable dialogue entre le gouvernement et l'opposition », a-t-il réaffirmé. Enfin, M. Borrell a montré son soutien envers les Pays-Bas en exprimant « son soutien indéfectible au gouvernement néerlandais » face à une « décision unilatérale disproportionnée et injustifiée ».

Ces événements ont aussi permis à Josep Borrell de rappeler les dérives du régime contre les droits de l'Homme dans le pays, justifiant les nombreuses sanctions prises par l’Union européenne contre le Nicaragua et des personnalités du régime depuis quatre ans. Il a aussi souligné une nouvelle fois le manque de démocratie dans les dernières élections présidentielles ayant réélu au pouvoir pour un quatrième mandant Daniel Ortega, dénonçant les arrestations et les exils forcés de tous les opposants de ce dernier. C’est ainsi que M. Borrell a indiqué les jours suivant que l'ambassadeur du Nicaragua à Bruxelles a été déclaré persona non grata en réponse à l'expulsion de son ambassadrice au Nicaragua. C’est dans un communiqué datant du lundi 10 octobre dernier qu’il a indiqué que « le Conseil de l’Union européenne a convenu ce jour que le chef de la mission de la République du Nicaragua auprès de l'Union européenne sera déclaré persona non grata ».

Selon Tiziano Breda, analyste à l’International Crisis Group, ces décisions de M. Ortega auraient une explication. Ses objectifs seraient de « se montrer comme un homme fort capable de résister aux pressions afin de réactiver ses bases militantes attachées à des notions comme l’anti-impérialisme  » ainsi que « de garder le soutien de la Russie, et donc de se montrer comme un allié actif contre l’Occident  ». Ce comportement de Daniel Ortega l’isole ainsi, lui et son pays, de plus en plus de la communauté internationale.

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