La région de la Corne de l’Afrique, ainsi que les régions voisines de la mer Rouge et du golfe d’Aden, est en train de devenir une zone d’importance stratégique, selon le rapport du Parlement. Kanel Bulle/Shutterstock
Les eurodéputés ont demandés à la Commission européenne d'augmenter son aide humanitaire, à l'initiative de Fabio Massimo Castaldo, en appelant à une révision de la position de l'Union européenne (UE) « Nous devons nous éloigner de l’approche paternaliste qui a parfois marqué l’engagement de l’UE dans la région, en adoptant une approche plus égalitaire et mutuellement bénéfique de ce partenariat ». Cette position paternaliste a été contesté plus d'une fois par les pays africains et appuyés par le président turc Erdogan. Lors du forum MUSIAD EXPO qui s'est tenu à Istanbul, il a en effet déclaré: "Pour eux, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique Latine n’ont de valeur tant qu’ils ont accès à leur main d’œuvre bon marché, l’or et le pétrole" (...) "Nous n'attendons pas de ceux qui font perdurer le colonialisme à travers de nouvelles formes qu'ils fassent preuve de bonne conscience face aux crises".
Une incapacité à subvenir à ses besoins
La Corne de l'Afrique importe à 90% de ses produits céréaliers depuis la Russie et l'Ukraine. L'émergence du conflit russo-ukrainien a réduit drastiquement leurs importations. Les pays étant incapable de produire suffisamment de ressources pour palier aux besoins de leurs populations, ils se tournent vers les produits producteurs avec les meilleurs prix, qui en profitent pour s'implanter dans ces pays. Dans cette région, parmi les plus pauvres du monde, 20 millions de personnes étaient menacées par la famine avant le conflit en Ukraine. Depuis le début de la guerre et les difficultés d'approvisionnement, ce nombre a considérablement augmentés. Selon la Banque Mondiale entre 10 et 15 millions de personnes rien qu'en Ethiopie sont désormais menacées par la famine. Au total près de 77 millions de personnes sont menacées dans les pays d'Afrique australe et orientale. Le climat, les invasions de criquets ou encore la hausse des prix sont des facteurs de cette menace. L'une des plus grandes reste cependant la guerre civile propre à chaque pays. Rien qu'en Ethiopie, on dénombre une dizaine de milliers de morts dans le conflit qui oppose les forces fédérales éthiopiennes et les rebelles tigréens. Ce conflit a détourné l'attention des problèmes d'insécurité alimentaire dans la région, et enfoncé en Somalie, pays voisin, 7,5 millions de personnes dans la famine.
La Turquie et la Russie à l'unisson
Le président Turque à rappelé son engagement avec son allié Russe, et a apporté son soutien aux Africains de l'est en envoyant notamment des navires céréaliers gratuitement vers les pays les plus touchés. Il s'est réjouit de l'accord qu'il a signé avec son homologue russe, Vladimir Poutine, concernant les exportations et l'aide aux pays les plus pauvres, convenu le 22 juillet à Istanbul. Il en a profité également pour dénoncer l'approche post-coloniale de l'UE en dénonçant les déclarations du Haut Commissaire Josep Borell qui définissait l'UE de "jardin" et le reste du monde de "jungle". Il a entre autre dénoncé l'inaction de certains dirigeants musulmans qui n'aiderait pas, selon lui d'autres musulmans dans le besoin: "Ce qui nous attriste particulièrement, c'est que certains de nos frères dans le monde islamique, n'entendent pas les cris d'alerte des opprimés et des nécessiteux". En somme, il a fait savoir qu'il c'était mis d'accord avec Poutine pour envoyer des céréales gratuitement dans ces pays en proie à la famine.