En décembre 2023, la Commission européenne a proposé de réduire la protection des loups en Europe, telle qu'établie par la Convention de Berne (1979), relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe. Cette proposition a conduit, le 27 septembre 2024, l'Union européenne à soumettre un projet de modification visant à déplacer le statut du loup, passant de l'Annexe II « faune strictement protégée » à l'Annexe III « faune protégée », ce qui diminue son niveau de protection.

La décision finale a été officialisée le 6 décembre 2024, lors de la 44ᵉ réunion du comité permanent de la Convention de Berne, où 38 pays ont voté en faveur de l'amendement qui entrera en vigueur trois mois après cette adoption, soit le 6 mars 2025.

Une histoire de vendetta personnelle ?

Cette proposition, selon certains, viendrait personnellement d’Ursula von der Leyen. En effet, en septembre 2022, Dolly, le poney de la Présidente de la Commission européenne, fut tué par un loup. Fait étonnant, 3 mois après cet incident meurtrier, la région du Hanovre, lieu de villégiature de la Présidente de la Commission, a délivré un permis de chasse officiel pour le loup susceptible d’avoir tué Dolly. Pile un an après, Ursula von der Leyen déclarait que les loups étaient un « réel danger pour le bétail et potentiellement aussi pour les humains ». Certains politiciens comme l’eurodéputée néerlandaise Leonie Vestering, du Parti pour les animaux, sont persuadés que la Présidente von der Leyen souhaite mener une vengeance personnelle contre cet animal pour qui elle voue une haine véritable. Leonie Vestering s’offusque même « Allons-nous permettre à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, d’abuser de son pouvoir pour se venger personnellement parce qu’un de ses poneys a été victime d’un loup ? ».

Les accusations paraissent probablement alambiquées. Pourtant, cette demande de déclassement de la part de la Commission européenne s’est soudainement accélérée suite à la mort de Dolly.

Surement une simple coïncidence…

Une réduction de statut réclamée depuis des années

Cependant, cette possible vendetta personnelle ne saurait être la seule explication de la régulation des loups en Europe. En réalité, les partis de droite européens réclament depuis plusieurs années une modification du statut de l'animal. Les responsables politiques européens sont régulièrement sollicités par les agriculteurs et éleveurs de bétail, confrontés à des attaques de loups sur leurs troupeaux. Ces incidents entraînent des pertes économiques importantes pour ces professionnels, qui exercent des pressions sur l'Union européenne.

Le Bureau Européen de l’Environnement explique aussi que « la volonté de réduire la protection des loups a commencé dans les zones rurales où les loups ont fait un retour remarquable après des décennies de succès en matière de conservation. Certains agriculteurs et groupes de pression agricoles, en particulier dans les pays où la production animale est importante, ont exprimé leurs inquiétudes concernant la prédation du bétail et les défis de la coexistence avec les loups. ».

Caroline Van Der Plas, chef de file du nouveau parti d’intérêt agraire Farmers-Citizen Movement, soutient, pour sa part, que l’incident avec Dolly n’a peut-être servi qu’à ouvrir les yeux de la Présidente de la Commission. La nouvelle commissaire à l’environnement, Jessika Roswall soutient que « l'augmentation constante des populations de loups et le risque que cela représente justifient l'adaptation du statut de protection juridique du loup ».

Selon un rapport de la Commission européenne datant de décembre 2023, il est annoncé que « dans l'UE, les loups tuent chaque année au moins 65 500 têtes de bétail, dont 73 % d'ovins et de caprins. L'Espagne (environ 14 000 têtes tuées par an), la France (12 000) et l'Italie (10 000) représentent la moitié des dommages causés au bétail dans l'UE. »

UNE MAUVAISE NOUVELLE SELON LES DÉFENSEURS DE L’ENVIRONNEMENT

Cette décision n’est pas au goût de tous, et une indignation générale se fait entendre auprès des défenseurs de l’environnement. La responsable des affaires publiques à Humane Society International, Joanna Swabe dénonce « la décision de l'UE d'abaisser les protections juridiques des loups qui crée un dangereux précédent pour d'autres espèces européennes, telles que les ours et les lynx ». Leonie Vestering s’inquiète quant à elle, « si le loup n’est plus protégé, il y a de fortes chances qu’il soit exterminé par la chasse ».

La décision de réduire la protection des loups alimente des tensions croissantes entre les défenseurs de la conservation et les partisans des intérêts agricoles, et laisse présager des débats complexes sur l'avenir de la faune sauvage en Europe.

Sources :

European Commission: Directorate-General for Environment, Blanco, J., & Sundseth, K. (2023). The situation of the wolf (Canis lupus) in the European Union – An in-depth analysis (pp. 45, 50). Publications Office of the European Union. https://data.europa.eu/doi/10.2779/187513

Council of Europe. (2024, décembre 2-6). MISC-F-44: Comité permanent - Final draft (2787-6469-2235-1, p. 5). Council of Europe. https://rm.coe.int/misc-f-44-comite-permanent-final-draft-2787-6469-2235-1/1680b2d41e

Guguen, H. (2024, octobre 16). Ursula von der Leyen : veut-elle vraiment exterminer le loup parce que son poney a été tué ? Les Surligneurs. https://www.lessurligneurs.eu/ursula-von-der-leyen-veut-elle-vraiment-exterminer-le-loup-car-son-poney-a-ete-tue/

Hodgson, R. (2024, décembre 3). L’UE vote en faveur de la rétrogradation du statut de protection des loups. Euronews. https://fr.euronews.com/green/2024/12/03/lue-votre-en-faveur-de-la-retrogradation-du-statut-de-protection-des-loups

Delepierre, F. (2024, décembre 3). Le loup va désormais être moins protégé. Le Soir. https://www.lesoir.be/639933/article/2024-12-03/le-loup-va-desormais-etre-moins-protege

Stöckl, B. (2023, septembre 8). Von der Leyen accusée d’abus de pouvoir dans le débat sur la protection des loups. Euractiv. https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/von-der-leyen-accusee-dabus-de-pouvoir-dans-le-debat-sur-la-protection-des-loups/