Budget 2028-2034 de l’Union Européenne : un changement clair de paradigme
En fin de semaine dernière, la présidente de la Commission Européenne Ursula Von Der Leyen a présenté sa proposition de budget pour le plan pluriannuel 2028-2034. Néanmoins celui-ci ne suscite pas l’unanimité autant chez les parlementaires européens que les agriculteurs et les régions. A l’origine profondément ancrée dans des valeurs communautaires et solidaires, cet article s’intéressera à comprendre comment l’Union Européenne est elle en train d’opérer un changement majeur de paradigme dans son orientation politique.
A l’aube des changements géopolitiques majeurs dans notre société contemporaine, la Commission Européenne a demandé pour le plan pluriannuel 2028-2034 un budget de plus de 1 980 milliards d’euros, soit une hausse de 40% par rapport au budget précédent. Pourtant, si l’on pourrait penser que notre prochain budget s’appuiera sur des bases similaires aux précédents, les objectifs semblent largement redéfinis. La guerre en Ukraine – et plus largement l’insécurité de nos frontières – urgent les institutions européennes, et avant tout la commission, à investir davantage dans la sécurité européenne et la protection de nos frontières ainsi que soutenir les grandes entreprises européennes (notamment de défenses mais aussi dans l’innovation). La révision du plan actuel en 2024 a pu démontrer cette volonté de restructuration, accordant 64,6 millions d’euros supplémentaires destinés majoritairement à l’Ukraine ainsi qu’au secteur de la défense européenne et des industries innovatives.
Des agriculteurs mécontents : que représente l’UE pour le secteur agricole ?
La Commission a proposé, dans le cadre du nouveau plan, de fusionner les subventions agricoles avec les subventions régionales. Une proposition qui ne plait pas du tout aux agriculteurs européens, largement dépendant de cette politique agricole commune, représentant actuellement plus de deux tiers du budget européen. Ce mécontentement est d’autant plus alimenté par les discussions tumultueuses de l’accord MERCOSUR, prévoyant une politique de libre échange avec 4 pays d’Amérique Latine. Emmanuel Macron s’est par ailleurs dit « positif » à cet accord lors de la COP30. Une mobilisation des agriculteurs est prévue à Toulouse ce mercredi, en marge d’une visite du président français Emmanuel Macron.
Mais pourquoi le secteur agricole européen s’appuie-t-il autant sur l’UE ?
Dans les années 50/60 et lors de la préparation du traité de Rome, le secteur agricole européen souffre d’une panne généralisée : entre faible productivité, un système dépassé par les évolutions modernes et une autosuffisance européenne limitée, les membres originels des prémices de l’UE comprennent l’enjeu. Pour autant l’adoption de celle-ci avait fait l’objet de longues négociations, certains pays comme la France étant plus agricoles que d’autres. Les objectifs étaient donc multiples : réguler les marchés (en supprimant les barrières douanière), instaurer une préférence communautaire marquée ainsi qu’une importante solidarité financière. Mais plus les décennies passent, plus les enjeux se redéfinissent et les mécontentements grandissent dans le monde, urgeant l’ouverture du secteur agricole européen à la mondialisation.
Un recul pour le secteur agricole… mais pas que
Ce recul dans les politiques agricoles et sociales se manifeste également autrement, dans les politiques écologiques et environnementales. Objectif prioritaire durant le premier mandat de la présidente actuelle de la commission, l’Union Européenne ne cesse de restructurer leurs engagements environnementaux, notamment en limitant davantage la "Corporate Sustainibility Reporting Directive" (CSRD) pour les grandes entreprises dans la diminution des objectifs de limitation des pesticides.
De peur d’un nouveau blocage du parlement européen, dont l’approbation est obligatoire pour faire passer le budget, Ursula von Der Leyen s’est dit prête à faire des concessions dans sa proposition – dans une lettre adressée a la présidente du parlement européen Roberta Metsola ainsi qu’à la première ministre danoise, pays actuellement à la tête de la présidence tournante au conseil de l’UE.
Bibliographie:
Libération, « Le traité UE-Mercosur toujours au cœur de la fronde des agriculteurs : « Des feux de la colère s’allument partout » », https://www.liberation.fr/environnement/agriculture/le-traite-ue-mercosur-toujours-au-coeur-de-la-fronde-des-agriculteurs-des-feux-de-la-colere-sallument-partout-20251109_ZK6HHLLNQ5GKNGFIWVPQFA2M7Q/, en ligne, consulté le 12/11/2025.
Euractiv FR, « Budget 2028-2034 : pour les agriculteurs, les modifications suggérées par Ursula von der Leyen sont de la « poudre aux yeux » », https://euractiv.fr/news/budget-2028-2034-pour-les-agriculteurs-les-modifications-suggerees-par-ursula-von-der-leyen-sont-de-la-poudre-aux-yeux/ en ligne, consulté le 12/11/2025.
Commission Européenne, Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions : « Vers un budget de l’UE pour 2028-2034 », en ligne, consulté le 12/11/2025.
Touteleurope, « Le budget annuel de l’Union européenne », https://www.touteleurope.eu/fonctionnement-de-l-ue/le-budget-de-l-union-europeenne/, en ligne, consulté le 12/11/2025.