Roberta Metsola et Chypre: vers une Europe plus unie face à la division de l’île
Au cours de sa visite à Nicosie début décembre 2025, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, a réaffirmé que la question chypriote n’est pas seulement un problème local mais c’est un enjeu européen. Dans ce contexte de préparation de la présidence chypriote du Conseil de l’Union européenne en debut 2026, ses propos reflètent une volonté claire de replacer Chypre au cœur du débat européen et de faire de la réunification de l’île une priorité politique partagée.
Lors d’une session du Parlement européen consacrée au 50e anniversaire de l’invasion turque de juillet 1974, Metsola a déclaré que « la division d’un État membre n'est pas un problème national mais un problème européen », ajoutant que « tant que Chypre restera divisée, l’Europe ne sera jamais pleinement unie ». Cette prise de parole officielle marque un geste fort !
Peu après, le 1er décembre 2025, Roberta Metsola a été reçue au Palais présidentiel de Nicosie par Nikos Christodoulides, le président de la République de Chypre, dans le cadre d’une réunion réunissant aussi les chefs de groupes politiques du PE (la traditionnelle « Conference of Presidents ») avant la présidence d’un État membre. Lors de cette rencontre, Christodoulides a salué l’engagement du PE et l’a qualifiée de « mission nationale » pour Chypre. Metsola, de son côté, a insisté sur l’importance d’une Europe plus sûre, plus autonome et plus proche de la région méditerranéenne, tout en affirmant la solidarité du PE envers les défis chypriotes.
Au fil de cette visite, Metsola a multiplié les gestes symboliques et politiques : elle a rencontré la présidente du Parlement chypriote, Annita Demetriou, laquelle l’a qualifiée de « véritable amie de Chypre » et louée pour sa constance dans le soutien à la réunification et au respect du droit international. Lors d’une conférence de presse conjointe, Metsola a souligné que le PE « sera toujours aux côtés de Chypre », soutenant un État unique, souverain, fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale conforme aux résolutions de l’ONU et aux valeurs de l’UE.
Mais cette visite ne se limite pas aux déclarations sur le conflit chypriote. Elle s’inscrit dans le cadre de la préparation à la présidence chypriote du Conseil de l’UE. Metsola et les responsables chypriotes ont évoqué un programme ambitieux pour 2026 : sécurité et défense, compétitivité économique, politique migratoire, énergie, logement abordable, cadre budgétaire pluriannuel, et rôle de l’UE au Moyen-Orient. L’objectif affiché est d’avancer vers une Europe plus résiliente, capable de répondre aux crises tout en renforçant son intégration.
Sur le fond, cette démarche traduit plusieurs choix politiques importants. D’abord, elle montre l’intention de faire de la question chypriote un sujet collectif, dépassant les intérêts nationaux, ce qui pourrait donner un nouvel élan au processus de réunification, en associant les institutions européennes à un rôle de médiateur et de garant. Ensuite, en liant la question de Chypre aux priorités géopolitiques et stratégiques de l’UE (sécurité, autonomie, rôle régional), Metsola tente de redéfinir l’enjeu comme central pour l’Union tout entière et non comme un dossier périphérique ou symbolique.
Ce repositionnement institutionnel est d’autant plus crucial qu’il intervient dans une période marquée par des incertitudes entre guerre en Ukraine, tensions méditerranéennes, crises migratoires et reprise économique fragile où l’UE est appelée à consolider son unité et son autonomie. Si la présidence chypriote est menée avec succès, l’île pourrait apparaître comme un pont stratégique entre l’Europe et le voisinage méditerranéen, tout en restant un symbole fort de réconciliation possible.
Reste cependant un défi : la réalité politique et diplomatique. Rendre la question chypriote tangible à Bruxelles et dans les capitales européennes demande un effort soutenu, des décisions concrètes et un engagement de long terme. Les promesses solennelles doivent se traduire en actes : financement, soutien diplomatique, retour aux négociations, respect du droit international, implication réelle des institutions de l’UE.
La visite de Roberta Metsola à Chypre en décembre 2025 constitue donc un signal politique fort. Elle réaffirme que l’UE peut et doit jouer un rôle décisif dans la résolution des conflits internes à ses États membres, et qu’une Europe unie doit aussi être une Europe solidaire et responsable.
Sources :
https://in-cyprus.philenews.com/local/cyprus-issue-a-european-issue-says-roberta-metsola/
https://www.facebook.com/fourlasloucas/posts/we-are-very-proud-of-your-leadership-president-metsolaa-trusted-friend-of-cyprus/1303162654945062/ https://www.europarl.europa.eu/news/en/press-room/20251202IPR31726/a-safer-stronger-more-autonomous-eu-ep-leaders-in-cyprus-ahead-of-presidency https://www.gov.cy/en/president-of-the-republic-presidency/press-remarks-by-the-president-of-the-republic-of-cyprus-mr-nikos-christodoulides-and-the-president-of-the-european-parliament-ms-roberta-metsola/
https://www.brusselstimes.com/eu-affairs/1866012/eu-parliament-president-visits-cyprus-ahead-of-council-presidency