A quelques mois du coup d’envoi de l’année européenne du volontariat, l’Espagne et sa capitale ne montrent pas un visage tout à fait solidaire. Le gouvernement de la communauté autonome de Madrid a présenté, le 11 novembre dernier, son projet de loi sur les mesures fiscales et administratives pour l’année 2011. Quelle ne fût pas la surprise des jeunes madrilènes de voir que ce plan prévoit la dissolution, pour des motifs de financement, du Conseil de la Jeunesse de la Communauté de Madrid (CJCM), entité publique créée en 1986. Voilà plus de deux décennies que ce conseil encourage l’implication démocratique et la participation active des jeunes madrilènes, autant sur le plan local qu’international. Quatre mois seulement après la fin de la présidence espagnole de l’Union Européenne, exercée dans une « dimension politique de générosité et d’engagement » selon le bilan qu’en tirait José Luis Rodríguez Zapatero, Madrid fait marche arrière en faisant sauter le volontariat et la citoyenneté active, des fusibles considérés comme facultatifs dans le grand compteur électrique de l’économie espagnole.
L’année européenne du volontariat s’inscrit dans un programme bien plus vaste, tout du moins en termes de durée, dont on n’entend pas ou très peu parler : L’Europe pour les citoyens. L’objectif principal de ce programme, qui couvre la période 2007-2013, est de promouvoir une « citoyenneté européenne active » en soutenant de nombreuses associations à travers toute l’Europe. En annonçant la dissolution du CJCM, Esperanza Aguirre, chef de l’exécutif du gouvernement madrilène, a porté un coup dur aux valeurs défendues par ce programme. Un coup que le CJCM n’hésite pas à qualifier de « décapitation (de la) jeunesse madrilène ».
Dans un contexte de rigueur économique où les citoyens européens vont encore devoir se serrer la ceinture (avec le récent plan de soutien à l’économie irlandaise), il est plus important que jamais de montrer l’exemple en mettant en avant l’importance du volontariat et de la citoyenneté active, les seuls valeurs actuellement capables de rallier les jeunes à la bannière bleue étoilée. Malheureusement, l’actuelle présidence de l’Union Européenne, tenue par la Belgique, reste plutôt neutre et ne propose rien de spécial dans ce domaine ; encore deux mois avant la prochaine transition : la Hongrie, qui débutera sa présidence en même temps que l’année européenne du volontariat, sera-t-elle en mesure de marquer une rupture décisive? Comme toujours, on l’espère… même si à force de croiser les doigts, j’ai bien peur qu’on finisse par y laisser quelques phalanges !
Gautier Piton et Alexandra Pantelidi
http://www.eu2010.es/fr/documentosynoticias/noticias/jul6zappe.html
http://eacea.ec.europa.eu/citizenship/programme/documents/EACEA_2008_0185_FR.pdf
http://www.canalsolidario.org/noticia/madrid-se-cierran-las-puertas-a-la-participacion-juvenil/25168