À quelques mois des élections européennes, l'annonce inattendue du président du Conseil européen, Charles Michel, de quitter prématurément ses fonctions en juillet prochain, secoue le paysage politique bruxellois. La décision de Charles Michel de se présenter aux élections législatives européennes, prévues du 6 au 9 juin 2024, met en lumière les enjeux cruciaux autour des top jobs européens et soulève des questions délicates sur la transition à la tête du Conseil européen. Pour rappel, les top jobs de l'Union européenne désignent les postes clés au sein de ses principales institutions, sujets à des élections et des nominations régulières. Les personnalités politiques occupant ces rôles, dont Charles Michel, ont une influence significative sur les prises de décision et sur les discussions au sein de l'Union européenne.

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Le président du Conseil européen Charles Michel, le lundi 18 décembre 2023, photographié lors d'une conférence de presse concernant le début de la présidence belge de l'Union européenne le 1er janvier 2024, le lundi 18 décembre 2023. (© Jonas ROOSENS)

En juillet 2019, Charles Michel avait succédé à Donald Tusk, originaire de Pologne, à la présidence du Conseil européen. À 48 ans, Charles Michel, ancien Premier ministre belge, qui préside les réunions des chefs d'État ou de gouvernement des 27 pays de l'UE depuis quatre ans, voyait son mandat actuel expirer en novembre 2024. Cependant, il a décidé de prendre une nouvelle direction en se lançant dans la course aux élections européennes, où il dirigera la liste du Mouvement réformateur (MR), un parti libéral centre-droit francophone belge.

La décision de Charles Michel de quitter son poste avant la fin de son mandat suscite des critiques quant à ses responsabilités. Notamment, l'eurodéputée néerlandaise Sophie in't Veld, membre de la même famille politique que Charles Michel, a dénoncé son départ comme "le capitaine quittant le navire au milieu d'une tempête" sur X (anciennement Twitter). Cependant, Charles Michel défend son choix en qualifiant sa candidature de "prise de risque personnelle" et affirme qu'il aurait été "très confortable" pour lui de rester en fonction jusqu'à la fin de son mandat en décembre. Il souligne également que son départ prématuré n'aura pas d'impact sur la désignation de son successeur, qui doit être choisi par le Conseil européen en juin.

En outre, l'annonce de la candidature de Charles Michel aux élections européennes et de son départ prématuré de son poste de président du Conseil européen soulèvent également des préoccupations institutionnelles. En effet, en cas de vacance de son poste, la procédure prévoit que le président du Conseil européen soit remplacé par le dirigeant européen dont le pays assure la présidence semestrielle du Conseil de l'Union européenne. Inopportunément, en juillet prochain, c'est le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, connu pour ses positions conservatrices anti-démocratiques et eurosceptiques, qui pourrait potentiellement occuper ce rôle. Cela suscite une préoccupation supplémentaire quant à la montée de l'extrême droite au sein des États membres de l'Union européenne, et plus généralement en Europe. L'extrême droite semble ici, et plus que jamais, frôler des postes haut placés au sein des institutions européennes. Charles Michel, cependant, rassure et suggère que cette procédure peut être modifiée à la majorité simple.

En somme, alors que les grandes manœuvres politiques débutent à Bruxelles en vue des prochaines élections européennes de juin, l'annonce de Charles Michel laisse entrevoir une période d'incertitude et de débats autour de la succession au sein du Conseil européen. La course aux top jobs européens promet d'être intense, et les regards se tournent désormais également vers la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dont les intentions restent à clarifier. La politique européenne entre dans une phase cruciale, avec en toile de fond la recherche de stabilité institutionnelle et de leadership en ces temps d'incertitude.

Sources :

  • Rédaction Le Parisien avec AFP, Élections européennes : le président du Conseil européen Charles Michel est candidat, https://www.leparisien.fr/elections..., consulté le 7 janvier 2024.
  • Adrien de Marneffe (Rédaction La Libre), Fin du suspense au MR, Charles Michel quittera la présidence du Conseil européen en juillet : “Je vais mener la liste aux élections européennes”, https://www.lalibre.be/belgique/pol..., consulté le 7 janvier 2024.
  • Sophie in ’t Veld @SophieintVeld sur X (anciennement Twitter), « The Captain leaving the ship in the middle of a storm. If that is how little committed you are to the fate of the European Union, then how credible are you as a candidate? », https://x.com/SophieintVeld/status/..., consulté le 7 janvier 2024.
  • Virginie Malingre (Rédaction Le Monde), « Charles Michel, le président du Conseil européen, se replie sur la politique belge », https://www.lemonde.fr/internationa..., consulté le 7 janvier 2024.
  • Rédaction Europe1 avec AFP, Le président du Conseil européen Charles Michel compte quitter son poste en juillet, https://www.europe1.fr/internationa..., consulté le 7 janvier 2024.
  • Véronique Lamquin (Rédaction Le Soir), Charles Michel : « Je vais mener la liste MR aux élections européennes », https://www.lesoir.be/559629/articl..., consulté le 7 janvier 2024.
  • Victor de Thier avec Thomas Destreille (Rédaction RTBF.be), Départ anticipé de Charles Michel de la présidence du Conseil européen : quelles conséquences ?, https://www.rtbf.be/article/depart-..., consulté le 7 janvier 2024.
  • Rédaction La Dépêche.fr avec AFP, Le président du Conseil européen, Charles Michel, va quitter son poste en juillet et pourrait être remplacé par Viktor Orban, https://www.ladepeche.fr/2024/01/07..., consulté le 7 janvier 2024.
  • UK in a changing Europe (The authoritative source for independent research on UK-EU relations), The EU’s « top jobs », https://ukandeu.ac.uk/explainers/th..., consulté le 7 janvier 2024.